Le climat s'impose comme l'un des grands thèmes de campagne des prochaines élections régionales, fédérales et européennes en mai. En Flandre, le sujet semble très clivant. Une polémique a poussé la ministre flamande de l'Environnement, membre du CD&V, à la démission. Aujourd'hui, son président de parti accuse les jeunes manifestants pour le climat d'être "manipulés" par l'extrême gauche.
La démission de Joke Schauvliege, ministre de l'Environnement, après un mensonge
Ils étaient 10.000 étudiants jeudi à Louvain. Cette semaine, en Flandre, le climat a poussé les jeunes dans la rue et une ministre vers la porte de sortie. "J’espère que le travail entamé va pouvoir rapidement se poursuivre. C’est pour ça qu’il est préférable que je démissionne, et que la politique climatique puisse être poursuivie sans que ma personne puisse les hypothéquer", a confié Joke Schauvliege au moment de démissionner de son poste de ministre flamande de l'Environnement.
La ministre a menti devant un parterre d’agriculteurs en affirmant avoir des informations de la Sûreté de l’Etat. Elle a affirmé que le mouvement des étudiants serait infiltré, qu'il y aurait un complot pour les mobiliser. Il fallait visiblement rassurer les lobbys des agriculteurs.
Le président de son parti, le CD&V, poursuit les accusations de manipulation
Ce samedi matin, à la Une du Morgen, son président de Parti, le CD&V Wouter Beke, va dans le même sens. "L’extrême gauche a détourné le mouvement pour le climat", affirme-t-il. Il précise plus loin à propos de la fondatrice du mouvement côté flamand: "Ce n'est un secret pour personne que Greenpeace conseille Anuna De Wever lorsqu'elle passe à la télévision", lance-t-il encore.
Un politologue de l'Université Saint-Louis et de la Vrije Universiteit Brussel (VUB) donne son analyse. "Le débat s'est quand même un peu installé sur le background (ndlr: le contexte) de ce mouvement climatique. Le CD&V étant pris en difficulté après ces déclarations de Joke Schauvliege essaie de continuer à se positionner là-dessus", estime Dave Sinardet.
La Flandre politique divisée face à la loi climat proposée par les écolos
La Flandre politique est divisée. D’un côté, la N-VA préconise ce qu’elle appelle un "éco-réalisme", qualifié parfois de climato-sceptique. De l’autre, il y a Groen et cette proposition de loi climat déposée avec Ecolo ce jeudi à la Chambre. Une proposition qui séduit côté Wallon, mais qui ne convainc pas grand monde en Flandre.
"Je ne suis pas convaincu qu’une loi spéciale sur le climat soit la juste solution. Elle ouvre une discussion institutionnelle sur les compétences", lance Wouter Beke, président du CD&V, lors d'un débat.
"C'est clair qu'on ne soutient pas cette nouvelle loi parce que cette une loi qui est presque vide. Nous sommes très ambitieux concernant le climat, il faut développer des mesures dans différents secteurs, dans différentes partie de notre société", s'exprime Philippe De Backer (Open VLD, libéraux flamands), ministre fédéral des Télécommunications, au micro de RTL INFO.
Tout comme la N-VA, l’Open VLD et le CD&V sont contre la loi climat, contrairement aux députés francophones majoritairement favorables. "En Flandre il y a vraiment des positions plus fortes, notamment entre la N-VA d'un côté et Groen de l'autre. Et les partis traditionnels qui essaient avec beaucoup de difficultés à se positionner dans ce débat. En tout cas, on fait très attention pour ne pas donner de cadeau à d'autres partis. Et vu que cette loi climat était perçue comme une initiative de Groen, c'était assez prévisible que les autres partis n'allaient pas embrayer là-dessus", analyse Dave Sinardet.
Chacun est bien conscient que le climat risque d’être un thème majeur de la campagne électorale. Et aucun des grands partis ne veut laisser s’échapper des voix vers les écologistes.
Le climat bouleverse la campagne électorale en Flandre: le CD&V accuse les jeunes manifestants d'être manipulés
Mathieu Col, Steve Damman, publié le 09 février 2019 à 21h33
(C) FEB - RTL INFO
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