Le déficit structurel de l'entité I (État fédéral et Sécurité sociale) s'élève à 7 milliards d'euros. Il s'est alourdi de 3,8 milliards d'euros en 2019, donc depuis la chute du gouvernement Michel, par rapport aux objectifs du programme de stabilité 2019-2022, selon le dernier rapport du comité de monitoring. On peut donc parler d'une facture salée pour le passage à un gouvernement en affaires courantes.
Les raisons sont multiples. Avec la crise gouvernementale fin 2018, on n’a pas pu voter de budget pour cette année. On n’a pas non plus de contrôle budgétaire pour évaluer régulièrement la situation. Enfin, la croissance économique est plus faible que prévu. "Peu de croissance économique ça veut dire moins de recettes fiscales pour l'Etat fédéral. Ça veut dire aussi plus de dépenses sociales, c'est le cas notamment des pensions", explique Bruno Colmant, économiste et professeur à la Solvay Business School.
"Chaque année, nos dépenses de pension augmente de deux milliards. Nos dépenses de soins de santé augmente d'un milliard. C'est normal, c'est le coût du vieillissement. Et donc, chaque journée qu'on perd, c'est huit millions de dépenses supplémentaires pour lesquelles on ne peut pas prendre de mesure. Donc, oui, clairement, il est urgent de former un gouvernement. Chaque jour, chaque semaine, chaque mois qu'on perd, on les payera double à terme", a indiqué le ministre sortant des Finances Alexander De Croo (OpenVld) au micro de notre journaliste Chantal Monet.
La faute à la N-VA qui a quitté le gouvernement ?
Pour le ministre sortant des Finances Alexander De Croo (OpenVld), c'est la N-VA qui, après avoir quitté le gouvernement Michel en décembre 2018, rendant impossible l'adoption du budget, est responsable du dérapage. Mais ce mardi, l'ex-ministre des Finances N-VA Johan Van Overtveldt, devenu député européen, a renvoyé la patate chaude à De Croo. Pour lui, puisque la N-VA a quitté le gouvernement par la faute des partis CD&V, MR et OpenVld, ce dérapage budgétaire est de leur responsabilité.
Impossible de réagir sans gouvernement
L'État fonctionne actuellement avec des douzièmes provisoires votés tous les trimestres par le parlement. À la mi-octobre, la Belgique doit remettre à l'Europe une épure de budget qui doit, en principe, s'inscrire dans le cadre d'un programme de stabilité.
Alexander De Croo a invité sur le site du Laatse Nieuws "la N-VA et le PS à cesser leur opposition au gouvernement minoritaire et à former un nouveau gouvernement". "En tant que pays, nous ne pouvons pas nous permettre de continuer à dire que nous avons le temps, comme cela a été le cas ces derniers mois", a-t-il ainsi déclaré lundi sur le plateau de 'Terzake' (VRT). "Chaque mois que nous laissons derrière nous rend les choses plus difficiles pour un gouvernement, qui devra ensuite payer double."
Gauche et droite ont des solutions opposées pour redresser la situation
Mais pour le PS, l'actuel ministre ne doit pas fuir ses responsabilités. "Le PS n'est pas responsable de la politique d'austérité qui pèse sur la croissance. Et le ministre De Croo ne doit pas confondre les affaires courantes avec les affaires coulantes", a réagi le chef de groupe PS à la Chambre, Ahmed Laaouej, l'invitant à faire preuve de "volonté politique en matière de lutte contre la fraude fiscale et de recouvrement de l'impôt notamment". Il s'agit de "faire tourner l'administration", a-t-il dit à l'agence Belga.
Pour l'actuelle ministre du Budget en affaires courantes, Sophie Wilmès (MR), citée dans un communiqué, "il sera nécessaire de maintenir la prudence budgétaire". Un certain nombre de dépenses "continueront de faire l'objet d'un contrôle administratif et budgétaire renforcé", a-t-elle précisé.
Entre couper dans les dépenses publiques pour la droite et récupérer les milliards de la fraude fiscale pour la gauche, même si PS et N-VA se mettaient autour d'une même table, le fossé reste grand entre les partis.
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