Le ministre-président wallon, Paul Magnette, a défendu ce lundi matin dans l'invité politique de Bel RTL, le principe des ventes d'armes à l'Arabie saoudite, assurant approuver lui-même ces ventes au terme de "procédures extrêmement rigoureuses".
Martin Buxant: Paul Magnette, vous êtes ministre-président et vous êtes responsable pour les licences des ventes et des exportations d'armes à l'étranger. Vous avez dit il y a 3 semaines, pour justifier les exportations d'armes wallonnes à l'Arabie saoudite: "C'est un pays comme un autre. Tout le monde fait du commerce avec eux." Aujourd'hui, on voit que l'Arabie Saoudite exécute à tour de bras : 47 exécutions la semaine dernière dont un opposant politique très connu. Est-ce que vous estimez toujours que la Wallonie peut et doit faire du business avec l'Arabie Saoudite?
Paul Magnette: Je n'ai pas dit exactement cela. Vous n'avez pas pris mes propos de manière très précise. Ensuite, il faut savoir que tous ces commerces d'armes sont des décisions européennes et que la Wallonie est un petit vendeur, comparé à la France à l'Allemagne, à l'Angleterre, nous sommes un tout petit vendeur. Toutes ces décisions sont prises au sein de l'Union Européenne. Moi j'ai été le premier à deux reprises à demander à ce qu'on réexamine la situation de ces pays. Je pense que la situation des droits de l'homme, que la situation de la stabilité politique dans ces pays, ce sont des enjeux éthiques et géopolitiques extrêmement importants, donc j'ai été le premier à le demander. Mais on doit évidemment le faire en toute concertation avec nos voisins français, anglais, allemands.
Martin Buxant: Ce que vous voulez dire, c'est que la région wallonne, à son niveau, ne peut pas faire grand-chose, c'est cela?
Paul Magnette: On ne va pas tout seul, commencer à dire que on va arrêter de vendre à tel ou tel pays. Je le répète, on le fait avec des procédures qui sont extrêmement rigoureuses . Vous savez, c'est moi qui signe les licences. Je ne le fais jamais de gaieté de cœur, je ne le fais jamais le cœur léger. Au contraire, je le fais en ayant examiné les rapports qui sont faits par nos experts et qui nous disent: "Ce pays apporte une certaine stabilité. Les armes sont vendues évidemment uniquement aux autorités publiques, à la police, à l'armée régulière et qui font l'objet d'un suivi de traçabilité très très rigoureux.
Martin Buxant: Cela veut-il dire que le business doit primer sur les droits de l'homme?
Paul Magnette: Non, ce n'est pas ça la question, mais ce n'est ni blanc ni noir. Quand vous avez des états comme ceux-là, ils ont une police, ils ont une armée. Cette police doit acheter des armements. Ils vont les acheter. A peu près tous les pays du monde en produisent, peut-être 4 ou 5 n'en produisent pas. Est-ce que la Wallonie doit être la seule à ne pas en vendre? La Flandre en vent aussi. Je crois que là il y a un débat. Il ne faut pas oublier non plus que derrière il y a un savoir-faire wallon et qu'il y a des emplois aussi.
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