Comme nous vous l'annoncions la semaine dernière, la formation des imams délivrée en arabe au sein du Centre islamique et culturel de Belgique (CICB), qui abrite la Grande Mosquée de Bruxelles, incite les fidèles à se lancer dans le djihad armé, à persécuter les homosexuels et tenir des propos antisémites, selon un rapport de l'Organe de Coordination pour l'Analyse de la Menace (OCAM). Pour rappel, la Grand Mosquée est depuis 40 ans financée par l'Arabie Saoudite. Une influence qui cessera en mars 2019 suite à une décision du gouvernement belge.
Dans le rapport dévoilé la semaine dernière, l'OCAM insistait sur le fait que "nombre de mosquées et centres islamiques en Belgique disposent toujours dans leurs bibliothèques et dans le cadre de leurs activités de formation de manuels et textes présentant un contenu problématique sur le plan du radicalisme, de la xénophobie et de l'antisémitisme".
Parmi ces ouvrages, "La voie des musulmans", un best-seller que nous avions pu nous procurer dans une librairie de Bruxelles. Dans les comptes-rendus des séances plénières du parlement fédéral, notre journaliste Jean-Pierre Martin a découvert que lors de la publication et diffusion, gratuite, du livre en 2004, la députée Annemie Turtelboom (VLD) s'était inquiétée, le 15 janvier, de son contenu "comportant des incitations à la haine des homosexuels ainsi qu'à une guerre sainte armée". Redoutant "les effets que peuvent avoir ces livres auprès d'une petite minorité", la parlementaire s'était adressée à la ministre de la Justice de l'époque, Laurette Onkelinx, lui demandant si elle était informée de la sortie de ce livre et si elle comptait "organiser une concertation avec la communauté musulmane sur la manière de réagir activement contre la propagation de pareilles positions et proposer des alternatives".
Pas toujours simple de naviguer entre la liberté d'expression et la protection des droits fondamentaux
La ministre socialiste avait répondu un mois plus tard que police et Sûreté de l'Etat connaissaient fort bien ce genre de littérature dans laquelle le mode de vie loué découlait d'une "interprétation rigoriste et étriquée de l'islam". Elle ajoutait que de tels ouvrages étaient diffusés depuis des années déjà en Belgique sans qu'ils n'aient "jusqu'à présent engendré aucun comportement déviant parmi les membres de la communauté islamique". Néanmoins, si des dérives étaient constatées, des mesures de police, judiciaire et administrative devraient pouvoir être prises rapidement, sans toutefois qu'il y ait violation de la liberté d'expression, ajoutant qu'il n'était "pas toujours simple de naviguer entre la liberté d'expression et la protection des droits fondamentaux". La ministre avait conclu en estimant qu'il fallait éviter de faire trop de publicité autour de ces "publications assez confidentielles" et que la Sûreté fournirait des rapports réguliers.
Quatorze ans plus tard, mercredi 16 mai, l'OCAM a indiqué que le dossier allait être transféré à la justice. Des auteurs, éditeurs et libraires qui diffusent ces manuels de la Grand Mosquée pourraient être poursuivis pour apologie du terrorisme et incitation à la haine raciale.
REPORTAGE DE LA SEMAINE PASSÉE SUR CES LIVRES JUGÉS DANGEREUX:
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