Dans la négociation du CETA entre l'Europe et le Canada, lorsque la Région wallonne de Paul Magnette a bloqué un temps l'accord de libre échange au profit de certaines revendications, Charles Michel y a vu un combat dans lequel se rejoignent la gauche et l'extrême-droite de Marine Le Pen.
Le Premier ministre Charles Michel a rejeté mardi devant un parterre de chefs d'entreprise le projet isolationniste du président américain Donald Trump, y voyant un motif de "rupture du partenariat classique Europe-Etats-Unis". M. Michel a fait un parallèle avec ce qu'il a vécu dans la négociation du CETA, entre l'Europe et le Canada, lorsque la Région wallonne a bloqué un temps l'accord de libre échange au profit de certaines revendications. Il y voit un combat dans lequel se rejoignent la gauche et l'extrême-droite de Marine Le Pen.
"Il y a un raisonnement idiot selon lequel on devrait se replier sur soi, c'est la thèse portée par la gauche ou par la gauche extrême, par la droite et par la droite extrême, ce sont les deux extrêmes qui se rejoignent pour combattre. De la même façon que c'était la gauche et l'extrême gauche, c'était Marine Le Pen en Europe qui reprochait les initiatives de type accords commerciaux", a-t-il relevé au Cercle Chapel de Waterloo.
S'il n'a pas été cité par le Premier ministre, personne ne s'est laissé berner: Paul Magnette était visé. Ce dernier a eu l'occasion de dire à notre journaliste ce qu'il pensait d'une telle accusation. "Il n'y a rien à voir entre une approche d'extrême-droite qui est raciste, xénophobe, qui veut construire des murs, qui veut fermer toutes les frontières, et une approche que nous assumons en Wallonie, qui est une approche critique de la mondialisation telle qu'elle existe aujourd'hui, mais qui veut au contraire protéger les travailleurs, protéger les normes sociales, protéger l'environnement", a réagi Paul Magnette.
Magnette menace de ne pas ratifier le CETA
Le ministre-président wallon Paul Magnette a reconnu mardi des difficultés avec le gouvernement fédéral dans la mise en oeuvre de l'accord intra-belge âprement négocié l'automne par le Wallon avant d'autoriser la Belgique à signer le CETA, l'accord commercial entre l'Union européenne et le Canada. "Ce n'est pas simple", a-t-il commenté mardi en marge de la présentation de son ouvrage sur la saga de l'automne dernier.
Pour donner son feu vert, la Wallonie avait notamment exigé que la Belgique interroge la Cour de Justice de l'Union européenne sur la conformité de certains aspects de l'accord commercial avec les traités européens avant toute ratification du CETA. Ces questions, qui doivent être rassemblées dans un mémoire rédigé par le gouvernement fédéral, font actuellement l'objet de négociations entre le niveau wallon et fédéral. "Certains veulent restreindre les questions alors que nous les voulons aussi larges que possibles", a expliqué M. Magnette, déplorant au passage que "beaucoup (au niveau fédéral, ndlr) continuent à minimiser" l'intérêt de la démarche réclamée par la Wallonie. "Mais tant que nous n'aurons pas les réponses de la Cour européenne, nous ne ratifierons pas", a-t-il averti, précisant que les Wallons n'étaient pas les plus pressés à voir le traité entrer pleinement en application.
Devant les journalistes, le ministre-président a rappelé que la Wallonie n'avait donné son vert à la signature du CETA qu'après avoir reçu la promesse de voir dix-neuf engagements concrétisés: "Nous voulons qu'ils soient intégralement traduits (...) sinon nous ne ratifierons pas le traité", a-t-il conclu.
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