Vous ne le trouverez pas sur le site officiel du parti. Pourtant tous ses membres "en sont". Ironie de l’histoire, c’est justement là où il n’y en a qu’un seul, au Parlement européen, que la signification des lettres ECOLO est révélée (photo) : ils sont des Écologistes Confédérés pour l'Organisation de Luttes Originales. Ecolo est un nom de parti à part entière devenu un acronyme par la force des choses. Une réalité si méconnue qu’elle méritait bien un petit coup de projecteur historique:
Nous sommes en novembre 1981. Le parti Ecolo, créé en mars de l’année précédente, se prépare à rendre ses listes pour les élections législatives. Ils apprennent alors une mauvaise nouvelle. Philippe Defeyt, un des fondateurs du parti aujourd’hui président du CPAS de Namur, se souvient: "A l’époque, la législation électorale exigeait que le nom qui figure en haut des bulletins de votes soit un acronyme. Mais quand on a décidé de créer Ecolo, nous ne connaissions pas l’existence de cette règle." Résultat: il a fallu inventer rapidement un nom de parti pour pouvoir rendre les listes électorales. Les dirigeants du parti à l’époque, dont Paul Lannoye et Philippe Defeyt, ont donc cherché… et trouvé. ECOLO allait devenir, sur les listes électorales, les Ecologistes Confédérés pour l'Organisation de Luttes Originales. "Ces mots-là nous semblaient bien traduire l’état d’esprit d’alors. Même s’il a été trouvé de manière forcée, il dit des choses intéressantes."
Sa signification toujours d'actualité: "On pourrait en refaire notre porte drapeau"
Pourtant, ce nom long n’a jamais réellement été utilisé dans la communication du parti. Il ne peut d’ailleurs pas être considéré comme le "vrai nom" de celui-ci, estime Patrick Dupriez. Mais selon le nouveau co-président d’Ecolo, il garde pourtant toujours tout son sens aujourd’hui. "Nous somme confédérés car Ecolo est un parti structuré en une fédération de ses régionales. Et puis je reste moi-même très attaché à l’idée de luttes originales. Car nous ne sommes pas présents uniquement sur le terrain politique, dans les parlements, mais également dans des activités citoyennes." Zakia Khattabi, l’autre co-présidente du parti, lui emboite le pas: "Moi, comme l’ensemble de la jeune génération écolo, je me retrouve à 200% dans ce nom", explique-t-elle. "L’organisation des luttes originales, c’est ce qui nous a caractérisés longtemps. On pourrait d’ailleurs en refaire notre porte drapeau."
Une anecdote de famille: peu de gens le savent à part les écologistes
Mais si tout le monde s’accorde à reconnaitre l’intérêt de ce nom, pourquoi si peu de personnes le connaissent? Pourquoi le site internet officiel d’Ecolo n’en fait même pas mention? "On y fait pourtant référence en réunions internes ou même avec les citoyens, mais comme quelque chose qui fait partie de l’histoire et de l’identité. C’est quelque chose que j’explique aux militants quand je donne des formations, donc beaucoup d’écologistes le savent. Mais c’est plus comme une anecdote qu’on se raconte en famille", estime Patrick Dupriez. "Je pense que c’est d’ailleurs Patrick qui me l’a appris dans une de mes premières formations chez Ecolo", sourit Zakia Khattabi. Quant à son absence sur le site officiel, chacun en convenait, "on pourrait y mettre un petit rappel historique". Heureusement que le site du Parlement européen, où siège Philippe Lamberts, et une note en bas de page de Wikipedia font mention de ce nom historique, sinon l'appellation serait réellement devenue une histoire de famille connue uniquement de celle-ci.
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