La Première ministre Sophie Wilmès a invoqué jeudi le contexte difficile dans lequel les pouvoirs publics évoluent pour commander du matériel de protection face au coronavirus, notamment des masques, fussent-ils en tissu. L'opposition a quant à elle dénoncé la gabegie que constitue à ses yeux la livraison des masques en tissu commandés par la Défense et plusieurs groupes se sont prononcés en faveur d'un audit de la Cour des comptes.
Le 24 avril, le Conseil national de Sécurité (CNS) a décidé de fournir à chaque citoyen un masque dit de confort en vue du déconfinement. Le 27 avril, la Défense a été chargée de les commander. Le 15 juin, leur délivrance commencera en pharmacie. Or, l'une des deux sociétés retenues - la luxembourgeoise Avrox - a connu des retards et des masques ne semblent pas conformes au document technique approuvé par le CNS, en particulier aux recommandations de désinfection: un lavage à une température de 60°C alors que lesdits masques ne peuvent être lavés au-delà de 30°C. Qui plus est, les masques sont arrivés... par paquets de 5 avec un seul mode d'emploi.
Des décisions prises en ayant à coeur la protection de la population
"Toutes les décisions prises par le gouvernement de ce moment de crise sont prises en ayant à coeur la protection de la population. Quand on analyse ces décisions, il faut garder à l'esprit le contexte et les recommandations disponibles à ce moment, et les contraintes liées à une pénurie généralisée", a souligné Mme Wilmès. La Première ministre a en outre fait remarquer que le port du masque relevait de la politique de prévention... et donc des Régions. Cet épisode n'est qu'une étape de plus dans le chemin de croix auquel s'apparente pour le gouvernement la question des masques, depuis la destruction d'un stock stratégique en 2017.
Cette histoire est une catastrophe
A l'unisson, l'opposition l'a rappelé au gouvernement minoritaire. "Votre gouvernement a failli", a déploré le député Hugues Bayet (PS). "Cette saga détériore la relation de confiance des citoyens avec les autorités publiques", a souligné Julie Chanson (Ecolo). "Si un travailleur commet une telle faute, il est viré sur le champ", a complété Sofie Merckx (PTB). "Quand il y a un problème, il faut le reconnaître. Cette histoire est une catastrophe", a averti Georges Dallemagne (cdH) tandis que François De Smet (DéFI) regrettait une nouvelle partie de ping-pong entre le fédéral et les Régions.
La Chambre demande une enquête à la Cour des comptes
Le président de la Chambre, Patrick Dewael, écrira à la Cour des comptes pour lui demander de réaliser une enquête sur la commande de millions de masques en tissu par la Défense, a décidé jeudi l'assemblée réunie en séance plénière.
Le député Michael Freilich (N-VA) a déposé une motion d'ordre pour demander à la Cour de faire la lumière sur les déboires qu'a connus cette commande de la Défense. Il n'y a pas eu de vote, l'ensemble des groupes étant d'accord pour formuler une telle requête. "Le ministre de la Défense (Philippe Goffin, MR) est tout à fait transparent sur cette question", a assuré le chef de groupe MR, Benoît Piedboeuf. Les libéraux flamands n'ont pas contesté l'initiative mais leur chef de groupe, Vincent Van Quickenborne, a qualifié la controverse de "combat d'arrière-garde".
La livraison des masques buccaux fédéraux se déroule bien selon l'Association pharmaceutique
La livraison des masques buccaux gratuits des autorités fédérales se déroule bien cette semaine dans les pharmacies du pays, indique jeudi l'Association pharmaceutique belge (APB). Quelques difficultés pratiques se posent toutefois. Notamment, le fait que les masques sont emballés par cinq unités.
A partir de lundi, chaque citoyen peut obtenir un masque buccal gratuitement chez un pharmacien. Les masques sont distribués par phase sur un étalement de 10 jours selon l'âge. Ainsi, lundi 15 juin, les personnes nées en 1945 ou plus tôt pourront venir chercher un masque. Un groupe d'âge plus jeune est ajouté chaque jour. La livraison des masques buccaux se déroule bien chez les pharmaciens, selon Lieven Zwaenepoel, président de l'APB.
"La plupart des pharmaciens ont reçu les masques. Nous sommes même légèrement en avance sur le schéma. D'ici lundi, tout sera en ordre", dit-il. Il y a toutefois quelques problèmes pratiques, soulève l'APB. "Les masques sont emballés par cinq mais naturellement, toutes les familles ne comptent pas cinq personnes", explique-t-il. Les masques doivent donc être sortis un par un de l'emballage. "En théorie, il peut y avoir un risque de contamination. Mais, c'est quelque chose à laquelle sont confrontés les pharmaciens chaque jour. Les pharmaciens accordent une attention toute particulière ces trois derniers mois à l'hygiène des mains et ont mis en place d'autres mesures de protection. C'est devenu une routine", précise le président de l'APB. Un autre problème pratique est qu'il n'existe qu'une seule taille de masques buccaux. "Il ne sera donc pas également adapté à tout le monde", explique M. Zwaenepoel.
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