La ministre belge du Budget, la libérale francophone Sophie Wilmès, 44 ans, a été choisie comme Première ministre par intérim, une première pour une femme à cette fonction. Pourquoi a-t-elle été choisie? Quelle sera sa marge de manœuvre? Pascal Delwit, politologue à l'ULB, répond aux questions de Simon François sur le plateau du RTL INFO 13H.
A 44 ans, la libérale Sophie Wilmès va remplacer Charles Michel au poste de Premier ministre en affaires courantes pour permettre à celui-ci d'endosser son nouveau rôle de président du Conseil européen. La résidente de Rhode-Saint-Genèse, commune à facilités de la périphérie bruxelloise, devient la première femme à la tête du gouvernement fédéral même si ce n'est sans doute que pour quelques mois...
- Quelle sera alors sa marge de manœuvre?
Pascal Delwit: "De manière générale, la marge de manœuvre d'un Premier ministre en affaires courantes est relativement restreinte puisqu'on est contraint au jour le jour ou éventuellement les affaires urgentes. Donc c'est beaucoup moins lourd et beaucoup plus difficile que dans un gouvernement de plein exercice. Mais néanmoins, elle est coordinatrice du gouvernement et représente la Belgique à l'étranger. Elle siégera au conseil européen".
- C'est la première fois qu'une femme occupe le poste de chef du gouvernement. C'est tout un symbole?
Pascal Delwit: "C'est bien évidemment un symbole pour la vie politique mais plus largement, un symbole pour qu'il est normal que des femmes exercent des hautes responsabilités. C'est souvent le cas déjà maintenant en politique. On peut espérer que d'autres milieux professionnels, en particulier le monde de la grande entreprise, voit ce symbole et accueillent plus de femmes dans leurs conseils d'administration".
David Clarinval, le chef de groupe MR à la Chambre, reprendra les compétences de Sophie Wilmès comme ministre du Budget, de la Fonction publique et de la Politique scientifique.
- Il y a 5 ans, Sophie Wilmès était peu connue au niveau fédéral. Pourquoi est-ce elle qui a été choisie?
Pascal Delwit: "Il y a des situations objectives: Charles Michel s'en va à la présidence du conseil européen, Didier Reynders devient commissaire européen. D'autres personnalités politiques importantes du MR exercent des fonctions au gouvernement régional wallon. Je songe par exemple à Willy Borsus et d'autres sont dans la compétition pour la présidence du parti. Le bassin de recrutement était étroit. De plus, Sophie Wilmès, comme ministre du Budget, est apparu comme une ministre sérieuse, compétente, même s'il y a des problèmes budgétaires en Belgique. Et c'est aussi le choix de Charles Michel, premier ministre sortant".
- Est-ce que sa désignation peut avoir une influence sur les négociations pour former le prochain gouvernement fédéral?
Pascal Delwit: "Je pense que ça n'aura pas énormément d'influence. On sait que ce sera difficile mais ça va peut-être permettre au MR de se donner une autre image partiellement. C'est surtout à Sophie Wilmès de se faire mieux connaître du côté wallon où elle reste moins connue. Il ne faut pas exclure l'hypothèse d'élections anticipées. Si elle se fait mieux connaître à la veille d'élections anticipées, ça peut aussi être un atout électoral et politique pour le MR".
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