Le député wallon et échevin montois Georges-Louis Bouchez était l'invité d'Antonio Solimando ce matin sur Bel RTL.
Interrogé sur la taxe kilométrique et les blocages qu'elle a engendrés en Wallonie, le député MR Georges-Louis Bouchez estime que les compensations ne sont pas suffisantes pour les routiers wallons. Il dénonce les défaillances du boîtier qui calcule la taxe ainsi que la gestion du dossier par le gouvernement wallon.
Antonio Solimando: Maxime Prévot, ministre wallon, dit que les compensations étaient connues depuis un an en Wallonie.
Georges-Louis Bouchez: C'est tout à fait inexact. J'ai interrogé le ministre Lacroix (en charge du Budget, NDLR) à de nombreuses reprises…
A. S.: Il y a 23 millions d'euros de plan d'accompagnement qui sont sur la table depuis un an.
G.-L. B.: Je vous donne un exemple très concret: à l'heure actuelle, les véhicules qui rentrent dans le champ d'application de cette taxe et ceux qui en sont exclus ne sont toujours pas connus. La réponse qui m'a été faite au parlement était de dire 'eh bien il faut qu'individuellement, chacun écrive à la SOFICO pour savoir si la taxe s'applique ou non'. Ce n'est pas une manière crédible de fonctionner. Normalement on prend un arrêté avec une liste de véhicules qui sont exclus de cette taxe et au moins on a une clarté. Eh bien on n'a pas de clarté, on n'a pas de compensations claires, et en plus on a un système qui est défaillant sur le plan technique. On a vu que cette taxe est enregistrée sur des terrains privés, où normalement elle ne doit pas s'appliquer.
A. S.: Mais il y a des compensations qui sont prévues par les prestataires de ces boîtiers.
G.-L. B.: Il y a une série de compensations, mais qui sont trop faibles, c'est ça qu'il faut comprendre.
A. S.: Et la mesure sera évaluée de toute façon dans les six mois.
G.-L. B.: Mais alors pourquoi ne pas avoir une phase de test et laisser un délai? Ici on va évaluer dans six mois, et pendant ces six mois vous avez à payer mais pas à vous plaindre. Ce n'est pas une manière correcte de fonctionner. Je rappelle que les problèmes que nous connaissons maintenant ont été annoncés au parlement parce que certains avaient testé le mécanisme et avaient évoqués ces problèmes qui n'ont pas été réglés.
A. S.: Le MR est l'un des seuls, avec le PTB, à protester contre cette taxe kilométrique au niveau wallon. Comment vous expliquez que des partis flamands comme la N-VA, le CD&V ou l'Open VLD soutiennent cette taxe, appliquée aussi en Flandre et à Bruxelles?
G.-L. B.: Il faut savoir qu'avec la Flandre il y a au moins deux différences majeures. La première est que les compensations ont été négociées et fixées, et elles sont extrêmement claires depuis plus d'un an. Résultat des courses, pour beaucoup de transporteurs flamands, ce sera même avantageux. Donc cette taxe va véritablement s'appliquer aux transporteurs étrangers. Deuxième élément, c'est le territoire. Nous en Wallonie, nous avons des distances beaucoup plus grandes entre les villes wallonnes, on a des communes qui sont beaucoup plus reculées. D'ailleurs ça se voit par rapport à l'emplacement des blocages, qui se situent là où il y a plein de petits transporteurs indépendants qui doivent desservir des zones qui sont très distantes.
A. S.: Mais le montant que la taxe va rapporter à la Flandre est supérieur au montant que ça va rapporter à la Wallonie, donc c'est bien que les transporteurs flamands vont la payer cette taxe. Et l'essentiel aussi des transporteurs étrangers.
G.-L. B.: Mais non justement. Revenez à l'essentiel: le but était de dire que les transporteurs étrangers qui traversent notre pays doivent payer. Il n'est pas normal de traverser nos routes sans les payer, alors que tous les Wallons et les Wallonnes les paient à travers leurs impôts. Ici ce n'est pas du tout l'objectif qui a été poursuivi. On a voulu faire une mesure fiscale. Je prends un exemple très concret: les véhicules communaux vont devoir payer cette taxe. J'entendais le bourgmestre de Mons, également président du PS, se plaindre des charges que le fédéral faisait peser sur les communes. Ici je vois que ça ne le dérange pas. Pourtant je peux vous dire que des véhicules de plus de 3,5 tonnes, il y en a énormément dans les communes.
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