Theo Francken a présenté ses "excuses" au Premier ministre Charles Michel, après avoir critiqué ses propos sur la gestion controversée du rapatriement des migrants soudanais en situation irrégulière. Ce vendredi soir, le bouillant secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration a été entendu en commission de l'Intérieur de la Chambre pour fournir des explications.
Seuls le MR et la N-VA ont affiché leur soutien ce vendredi soir au secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration, Theo Francken (N-VA), qui a confirmé avoir "retenu la communication" selon laquelle au moins une expulsion état prévue vers Khartoum à la mi-janvier, cela, avec l'objectif de ne "pas créer un appel d'air" de la communauté soudanaise.
Cette information s'inscrit dans le contexte de l'annonce par le Premier ministre Charles Michel d'une suspension des expulsions jusqu'à la fin janvier, qualifiée dans un premier temps d'"absurde" par M. Francken au motif qu'aucune expulsion n'était programmée d'ici la fin janvier. Mal informé, le Premier ministre a ensuite confirmé au parlement jeudi un moratoire en attendant l'enquête, aucun vol n'étant soi-disant prévu en janvier.
"Vous avez laissé le Premier ministre exprimer des choses qui n'étaient pas vraies"
La députée du CD&V Nahima Lanjri s'est montrée cinglante vis-à-vis du secrétaire d'Etat N-VA. "Vous avez confirmé avoir retenu une information, on appelle cela un mensonge ou autre chose. Pire vous avez laissé le Premier ministre exprimer des choses qui n'étaient pas vraies. Je sais qu'il est patient. Je ne sais pas combien de temps cela va durer encore", a-t-elle dit.
L'Open Vld s'est tu dans toutes les langues après les explications de M. Francken. En revanche, le MR a affiché tout son soutien au secrétaire d'Etat, allant même plus loin que la députée N-VA Sarah Smeyers qui a relevé un geste "peut-être pas très élégant mais de bonne foi".
Le parti du Premier ministre s'est montré rassuré. "Je vous ai entendu nous confirmer qu'il n'y a pas eu de mensonge. J'en était convaincu et je le crois", a affirmé le député Philippe Pivin dans l'attente de l'enquête diligentée par le gouvernement sur de présumés faits de tortures contre des ressortissants soudanais expulsés par la Belgique. Au nom de la majorité, Mme Smeyers (N-VA) a déposé une motion sans toutefois demander la cosignature aux partenaires de la coalition.
Une motion de défiance déposée
Les membres de l'opposition francophones ont exigé la démission du secrétaire d'Etat. Le PS, le CDH et Défi ont lancé une motion de défiance à son encontre. Ecolo a quant à lui décidé de lancer une motion de recommandation pour demander au Premier ministre Charles Michel de prendre ses responsabilités.
Retour sur la polémique
Au coeur de la polémique: une invitation lancée à la fin de l'été par Theo Francken, coutumier des positionnements clivants, pour que des officiels du régime de Khartoum viennent aider les autorités belges, sur leur sol, à identifier les Soudanais voués à être expulsés car non candidats à l'asile en Belgique. Cette nationalité est très représentée parmi les migrants en errance dans Bruxelles, en transit vers la Grande-Bretagne.
Trois fonctionnaires du ministère soudanais de l'Intérieur ont effectivement passé quelques jours en Belgique en septembre, visitant leurs ressortissants dans des centres fermés avant de délivrer leur feu vert à l'expulsion. Le gouvernement a alors été accusé par l'opposition de "collaborer avec une dictature".
La controverse a rebondi cette semaine avec la publication dans la presse de témoignages --compilées par une ONG libérale-- faisant état d'arrestations et de violences subies par plusieurs jeunes Soudanais à leur atterrissage, peu après la visite de cette "mission d'identification".
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