L’ancien secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, Theo Francken, a été auditionné en commission de l’intérieur, à la Chambre, à propos de la procédure suspecte d’attribution de visas humanitaires à des Chrétiens d'Orient sous son mandat. Le député N-VA s’exprime pour la première fois à ce sujet au parlement. A l'issue de l'audition, certains députés n'étaient pas du tout convaincus par les justifications de l'ex-secrétaire d'Etat.
À son arrivée en Commission, l'ex-secrétaire d'Etat à l'Asile et la Migration joue la carte de l'éthique politique. "Je suis ici de ma propre volonté, je suis pour la transparence, je suis ici volontairement, a dit Theo Francken, au micro de RTLINFO. Il est normal qu'on pose des questions, il n'y a aucun souci. Je prends toujours mes responsabilités. Je le fais depuis 20 ans et je vais continuer à le faire".
Pour rappel, l’affaire a éclaté en janvier, révélée par un reportage de la chaîne publique flamande VRT. Depuis la diffusion de ce sujet, la justice suspecte notamment un élu N-VA (conseiller communal à Malines), Melikan Kucam, d’avoir réclamé entre 2.000 et 10.000 euros à des familles chrétiennes fuyant la Syrie, pour les aider à obtenir de visas humanitaires afin de s’installer en Belgique. Melikan Kucam travaillait comme représentant, en tant qu'intermédiaire pour le compte du cabinet de Theo Francken.
Theo Francken s'exprime: "J'ai entendu deux fois des rumeurs"
Theo Francken lui-même était-il au courant de ces agissements? Jusqu’ici, l'ex-secrétaire d'État a reconnu avoir entendu parler de rumeurs, au sujet de visas humanitaires monnayés, mais n’a pas demandé d’enquête pour les vérifier. "Si on peut prouver que de l'argent a été demandé de façon illicite aux intéressés, c'est impardonnable, a estimé l'ex-secrétaire d'Etat. L'intéressé le nie et il appartient au juge de se prononcer. Je défends ma politique à 100% et je souhaite que la justice fasse la clarté sur cette affaire. Comme je l'ai dit, j'ai entendu deux fois une rumeur. La première fois, c'était très flou et peu crédible en octobre. La deuxième fois, c'était en décembre, l'opération de sauvetage humanitaire était déjà terminée".
Lors de l’audition de Theo Francken, les députés ont cherché à savoir quel était le rôle exact de cet élu local N-VA, quel mandat il avait obtenu du secrétaire d’Etat et comment son rôle d’intermédiaire était encadré/contrôlé par les services du cabinet Francken. "Nous avons bien organisé ces opérations, de façon consensuelle et consciencieuse, mais on peut toujours formuler des améliorations", a encore répondu Francken.
"Il aurait dû dénoncer ce trafic d'êtres humains"
Cette audition ne semble pas avoir convaincu les députés présents, dont Georges Dallemagne, député cdH. "Il instrumentalise la tragédie des Chrétiens d'Orient à des fins clientélistes. Il est au coeur d'un trafic d'êtres humains avec extorsion de fonds. Il y avait un trafic d'êtres humains et il aurait dû le dénoncer. Il a non seulement une responsabilité politique, mais aussi une responsabilité au niveau pénal. Car il y a un article du code d'instruction criminelle qui prévoit que lorsqu'il entend des informations comme celles-là, il doit les dénoncer".
Lors des auditions précédentes en commission de l’intérieur à ce sujet, plusieurs acteurs-clé du secteur de la migration ont mis en évidence les faiblesses dans l’organisation de l’attribution des visas en Belgique (risque d’arbitraire, pouvoirs démesurés du secrétaire d’État,…). Le consul général de Belgique au Liban a, lui, souligné le caractère exceptionnel de recourir à des intermédiaires basés en Belgique, pour s’occuper des visas.
Une instruction est ouverte.
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