Dix accusés seront jugés dans le cadre du procès des attentats de Bruxelles. Pour ce faire, une quinzaine d'avocats auront la tâche de les défendre. Qui sont-ils ? Quelles sont leurs motivations et comment comptent-ils s'y prendre ?
Une quinzaine d'avocats seront chargés de défendre, dès lundi prochain, les dix accusés des attentats de Bruxelles. Pourquoi ont-ils accepté de les défendre, et comment le faire ?
Pourquoi défendre ces accusés ?
Michel Bouchat, pénaliste renommé et expérimenté, a rejoint il y a peu, la défense de Salah Abdeslam. "Pour l'avocat que je suis, c'est un challenge. Ça fait partie de l'histoire judiciaire de notre pays. Pour un avocat, en tout cas l'avocat que je suis, c'est important d'avoir la possibilité d'y participer", justifie-t-il.
Stanislas Eskenazi est un avocat fiscaliste. Hormis sa connaissance de la vie de quartier à Molenbeek, rien ne le prédestinait à défendre l’homme au chapeau : "À partir du moment où vous avez quelqu'un qui est poursuivi, et qui est l'homme le plus 'détesté' en Belgique à cette époque-là, c'est un honneur qu'une personne acculée vous le demande à vous et de lui donner conseil dans ces moments-là", se confie l'avocat de Mohamed Abrini.
Il n'y a pas de dossiers indéfendables
Pour ces avocats, il n’y a pas de dossier indéfendable. Il n’y a que des hommes à défendre. "C'est un être humain, c'est quelqu'un qui a eu un parcours scolaire, on va dire, chaotique. C'est quelqu'un qui est, vis-à-vis de ses avocats et des personnes qu'il rencontre, très respectueux. C'est quelqu'un qui s'est retrouvé dans un engrenage. C'est mon point de vue", s'explique Stanislas Eskenazi.
L'avis est partagé par son confrère Michel Bouchat : "Il n'y a pas de dossiers indéfendables, ou alors on ne les accepte pas. Le dossier que l'on n'accepte pas, c'est par ce que l'on considère que n'est pas capable de le défendre convenablement".
Comment les défendre ?
En ce qui concerne Salah Abdeslam, il y a matière à défendre, estime son avocat, Michel Bouchat. Au moment des attentats de Bruxelles, son client était en prison, il est pourtant accusé de 32 assassinats terroristes. "C'est pour cela que le cas est fort intéressant à défendre pour un avocat pénaliste et pour un juriste. Ce seront toutes les notions de participation de coupables qui seront discutées, qui seront débattues durant le procès devant la cour d'assises."
Il a été lâche, il n'a pas été au bout du projet. Il n'y a rien de plus humain que la lâcheté
Mohamed Abrini, lui, a renoncé deux fois à mourir, à Paris et à Zaventem :"Il a été lâche, il n'a pas été au bout du projet. Il n'y a rien de plus humain que la lâcheté. C'est un sentiment totalement humain, donc ça le ramène au monde des hommes", nuance Stanislas Eskenazi.
Au procès de Paris, les deux accusés ont été condamnés à perpétuité. Celle-ci est accompagnée de 22 ans de sûreté, pour Mohamed Abrini et est incompressible pour Salah Abdeslam.
Michel Bouchat l'affirme :"Je pense que Salah Abdeslam est un homme qui est récupérable, bien entendu. C'est pour ça que le caractère incompressible de la condamnation à perpétuité qui lui a été infligée à Paris a quelque chose d'inhumain".
Salah Abdeslam et Mohamed Abrini sont désormais détenus dans la toute nouvelle prison de Haren.
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