Christelle Meuris, infectiologue au CHU de Liège et membre du GEMS (groupe d'experts scientifiques qui conseille le gouvernement) était l'invitée de Fabrice Grosfilley ce lundi matin sur Bel RTL. Elle revenait sur la situation pandémique dans les hôpitaux et évoquait les préconisations sur lesquelles le GEMS a travaillé ce week-end.
Fabrice Grosfilley: Le Gems, le groupe d'experts qui conseille les autorités, a remis un rapport avec une série de propositions ce dimanche soir. Le gouvernement va trancher en fin de semaine lors d'un nouveau comité de concertation. Parmi ces recommandations, il pourrait y avoir des mesures qui toucheraient les écoles et on a notamment vu le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke, demander à ce qu'on porte le masque en fin de primaires. Cela vous semble une mesure nécessaire ou utile ?
Christelle Meuris: Permettez-moi de partager avec vous d'abord mon étonnement de voir que ce rapport du GEMS qui a été transmis aux autorités compétentes hier soir sur lequel on a travaillé tout le week-end soit déjà dans la presse. On y a travaillé tout le week-end pour que les autorités puissent y travailler sereinement et négocier cela sereinement et non pas pour que cela soit commenté au préalable pendant une semaine dans la presse. Par rapport au port du masque dans les écoles, il faut savoir que les incidences dans les écoles sont extrêmement importantes. C'est quelque chose qui n'est pas assez étonnant. On sait que cette population-là n'est pas encore vaccinée. En particulier en primaires, si c'est bien de cela qu'on parle et que par ailleurs, l'automne est là. C'est difficile de ventiler et donc ce n'est pas quelque chose qui nous étonnait. Le port du masque pour nous, nous semblait être une solution qui pouvait être proposée et qui permette que les écoles restent ouvertes.
Fabrice Grosfilley: Les experts ne sont pas unanimes sur ce sujet. Il y a certains experts qui craignent que le masque nuise aux apprentissages et aux développements des enfants. Cela provoque beaucoup de réactions. C'est un débat très passionnel. C'est un peu entre choisir entre la peste et le choléra ?
Christelle Meuris: Exactement, si vous regardez les écoles espagnoles dans lesquelles on porte le masque depuis déjà l'année passée, ils en ont fait tout un rapport et mettent en avant le fait qu'opter pour le port du masque dans les écoles a permis de perdre extrêmement peu de jours de scolarité l'an passé, ce qui a permis de garder les taux de contamination chez les élèves extrêmement bas avec un RO (taux de reproduction du coronavirus, ndlr) à 0,3 pour les enfants de primaire et RO à 0,5 pour les enfants en humanité. Effectivement, il faut trouver les solutions actuellement qui soient les moins négatives possibles pour les enfants pour leur permettre d'une part d'avoir leur scolarité la plus normale possible en évitant les quarantaines et les isolements et d'autre part de continuer leurs activités parascolaires. Le port du masque nous a semblé être le moins agressif. C'est une solution qui pourrait être transitoire et permettre aux écoles de fonctionner le plus normalement possible.
Fabrice Grosfilley: Cela veut dire que si ce n'est pas le masque dans les écoles il faudra prendre d'autres mesures et pas dans les écoles?
Christelle Meuris: Il faut savoir que les recommandations du GEMS ne portent pas que sur les écoles. Ce n'est pas aux enfants à porter et à assumer à eux seuls cette épidémie-là. Il nous a semblé effectivement inéquitable de nous dire que les mesures étaient principalement à prendre dans les écoles. Il y a tout un "package" de mesures qui sont proposées pour contrôler la circulation du virus dans toute la société.
Vos commentaires