15 criminologues, spécialisés dans le traitement des violences intrafamiliales, sont en cours de recrutement, afin de lutter contre ce phénomène, touchant principalement les femmes et les mineurs.
Le département de la Justice est sur le point de terminer le recrutement, au sein des parquets, de quinze criminologues spécialisés dans le traitement des violences intrafamiliales, fait savoir jeudi le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open Vld).
Ce dernier avait annoncé, en juin dernier, vouloir mettre la priorité sur ce phénomène, touchant principalement les femmes et les mineurs, et qui donne lieu à quelque 50.000 signalements auprès de la police belge, chaque année. Entretemps, quatorze des quinze criminologues prévus ont été recrutés, un dernier parquet devant encore finaliser la procédure.
"Ils sont chargés d'être en contact étroit avec tous les partenaires, de suivre les cas problématiques, d'établir des rapports et d'assister et conseiller les magistrats dans la pratique", explique le ministre. "Ils ont une fonction de liaison importante avec la police, les Family Justice Centers (FJC), les centres de prise en charge des violences sexuelles (CPVS), les secouristes et les assistants sociaux", poursuit-il.
Selon des études, en Belgique, chaque année, une femme sur sept est victime de violence de la part de son partenaire ou ex-partenaire. "Cela concerne les agressions verbales, les menaces, les intimidations, les coups et blessures, mais aussi les violences sexuelles et la séquestration", peut-on lire dans le communiqué.
Les plus jeunes aussi victimes
Les enfants sont également fréquemment exposés à la violence domestique, en tant que témoins mais aussi victimes directes. En 2020, 9.311 mineurs différents ont été signalés auprès des centres de confiance pour enfants maltraités, soit une augmentation de 4,4 % par rapport à l'année précédente. Ils peuvent être victimes d'abus et de violences sexuelles, mais aussi de situations familiales perturbantes dues à une négligence physique ou émotionnelle. Selon Élodie Duchenne, psychologue chez SOS Enfant, cette augmentation peut être expliquée par les confinements : "Les enfants sont sortis des radars. Ils n'avaient plus accès aux écoles, que les familles n'allaient plus chez le médecin, qu'il n'y avait plus les PMS pour observer les enfants".
Ces recrutements sont vus comme une bonne chose pour les acteurs de l'aide à la jeunesse : "Toute aide est la bienvenue, c'est une très bonne chose que le parquet soit renforcé, qu'il y ait des criminologues qui soient rajoutés aux équipes, ça nous permettra d'être au plus près des situations, d'être plus efficaces." Se réjouit Élodie Duchenne. "Dans l'idéal, il faudrait que toute l'aide à la jeunesse soit renforcée pour intervenir plus vite et mieux auprès des familles" ajoute la psychologue.
Au total, la police enregistre environ 50.000 incidents de violence intrafamiliale chaque année, mais il ne s'agit que de la pointe de l'iceberg. De nombreuses formes de violence intrafamiliale se produisent à l'insu de tous. "Par exemple, en moyenne, les victimes ne font la démarche de porter plainte et de demander de l'aide qu'après avoir subi 35 actes de violence entre partenaires", illustre le ministre.
Le déploiement des criminologues devrait permettre une détection plus précoce des situations potentiellement dangereuses et des récidives. Pour assister les magistrats, ce personnel pourra initier des enquêtes sur la situation familiale des mineurs en contact avec des adultes auteurs de violence, orienter les victimes vers les aides spécialisées, centraliser des informations venant d'autres instances, évaluer les situations à risques ou encore proposer des mesures lorsque aucune poursuite immédiate n'est possible, ponctue le communiqué.
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