Les sneakers connaissent un succès incroyable ces dernières années. Ce sont ces baskets conçues pour le sport mais détournées à un usage citadin et quotidien. Si les prix sont déjà parfois considérables à la vente, ils peuvent atteindre des sommets à la revente. Collectionneurs et spéculateurs s’arrachent ces chaussures à prix d’or.
Nos reporters Céline Praile et Gaëtan Zanchetta ont rencontré Arnaud Monfrans, un collectionneur de sneakers de 19 ans. "C'est comme si on avait de l’art aux pieds", estime ce jeune homme qui, après avoir entamé sa collection il y a 4 ans, possède aujourd'hui une douzaine de paires. Sa petite collection représente déjà l’équivalent d’environ 5000 euros. Un sacré budget pour cet étudiant qui consacre en moyenne une heure chaque jour à la chasse de sa prochaine paire. "Ce serait plus facile si on pouvait avoir accès aux prix de base, car sinon, il y a souvent des listes d’attente", témoigne-t-il.
C’est une des raisons du succès de ces baskets : la demande dépasse largement l’offre. "Ce sont des pièces qu’on ne voit pas partout et c’est ce qu’on cherche", dit une jeune fille qui adore les sneakers. "Il n'y a que les fans de sneakers qui peuvent comprendre, c'est de l'art en fait", considère une autre addict. "Tout le monde veut avoir ce que les autres n’ont pas et cette rareté engendre évidemment une plus-value au produit", analyse Angy Geerts, professeur de marketing à l’Umons.
Collaboration entre Michael Jordan, Dior et Nike: 5 millions d'inscrits pour 8.000 paires
Ce business peut rapporter gros. Dans certains magasins streetwear, les baskets représentent entre 60 et 70 % du chiffre d’affaires ces deux dernières années. Les marques de luxe l’ont bien compris et multiplient les collaborations éphémères. Associer une célébrité (comme une star du basket ou un rappeur) à une marque de sports et à une maison de luxe, c’est le succès de foule. "Ces baskets ont été produites à environ 13.000 exemplaires, 5.000 réservées aux clients de la marque, 8.000 restent disponibles alors qu'il y a 5 millions d'inscrits sur le site de pré-commandes, examine Angy Geerts au sujet de la collaboration entre Michael Jordan, Nike et Dior. Donc cela donne une idée de ce que cela va donner à la revente".
Mehdi et sa mère ont ouvert un magasin de revente
La revente, c’est la machine à cash. La paire de sneakers devient un objet spéculatif. C’est l’aventure dans laquelle s'est lancée Medhi, un passionné de baskets depuis l’enfance. Avec sa mère, il vient d’ouvrir une boutique de revente : des modèles vendus en deuxième main mais jamais portés. "La vente des paires est faite sur internet ou dans les magasins, et une fois que c'est en rupture de stock partout, on les reprend et on les revend", explique Mehdi Amimer, co-gérant d’un concept store.
"Un rappeur a porté une paire : elle est passée de 10.000 à 25.000 euros"
Mais c’est en ligne que les prix s’envolent véritablement. Le volume de marchandise échangée sur une importante plateforme de revente a atteint 1 milliard 800 millions de dollars en 2020. Selon les volumes vendus, les "Jordan" sont les plus populaires, devant Nike et Adidas. Sur le site, la marque du basketteur a été revendue en moyenne 54% plus cher que le prix d’origine. "La paire valait déjà très cher, 10.000 euros, mais un rappeur les a portées, donc les baskets ont explosé sur la toile. Maintenant, la paire vaut plus de 25.000 euros", explique Mehdi Amimer.
Mais certains modèles, très rares, s’arrachent à prix d’or. Cette paire éditée en seulement 89 exemplaires en 2016 a récemment été vendue plus de 41.000 euros.
Pour cet autre modèle sorti en 2002 à 200 exemplaires, le prix fixé et souhaité par un vendeur dépasse les 10 millions d’euros.
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