Marie-Martine Schyns, la nouvelle Ministre de l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles, était l’invitée de Martin Buxant à 7h50 sur Bel RTL. L’occasion pour Frédéric Moray d’expliquer dans sa chronique 90 secondes pour comprendre ce qu’est ce pacte, pourquoi il a été inventé.
D’abord, ce pacte il a été initié par la ministre démissionnaire Joëlle Milquet, au départ d’un constat des acteurs de terrains : l’école n’est plus adaptée à la société d’aujourd’hui. Elle doit répondre à de nombreux défis, mais est en décalage.
Le constat combine plusieurs facteurs:
Il y a d’abord la révolution numérique : tout va plus vite aujourd’hui et les sources d’informations sont de plus en plus accessibles. Il faut équiper les élèves pour utiliser adéquatement ces nouveaux outils
Ensuite, la société elle-même a muté : il n’y a plus un modèle de famille, mais une multitude d’organisations parentales. Montée de l’individualisme, affaiblissement du sens collectif, on est entré dans une société de responsabilisation de soi, avec de nouveaux rapports aux normes et à l’autorité, de nouvelles formes de solidarité et de participation citoyenne.
Cette évolution, c’est aussi une multiculturalité croissante des sociétés, des établissements et des classes, et donc une multiplication ici aussi des modèles d’éducation.
Enfin, il y a les changements socio-économiques : avec une accentuation des inégalités, la réalité du chômage des jeunes, …
Mais cette réforme vient aussi d’un constat d’échec : la Belgique est le pays de l’OCDE où il y a le plus grand pourcentage de redoublement
Dans la majorité des pays de l'Organisation de la Coopération au Développement Economique, moins d'un enfant sur 10 a connu un retard scolaire à 15 ans. En Fédération Wallonie Bruxelles, 55 % des élèves ont un retard scolaire d'au moins un an.
Au total, par année, on compte 60 000 redoublements, 17 000 réorientations contraintes, 3 500 exclusions scolaires, 20 000 abandons... Des chiffres légèrement en diminution ces dernières années.
Est-ce que ce pacte va pouvoir vraiment tout arranger ?
Il risque de ne pas encore être suffisant. Les penseurs de l’école de demain craignent qu’il ne s’agisse que d’une nouvelle réforme alors qu’ils attendent un changement total de système.
La réflexion pour ce pacte pour une école d'excellence rassemble différents acteurs du monde scolaire : enseignants, syndicats, monde associatif, fédérations des entrepreneurs, ... Ils parviennent difficilement à se mettre d’accord.
Notamment faut-il refinancer l'école ou redistribuer la manne existante ? Actuellement la Fédération Wallonie-Bruxelles verse près de trois quarts de son budget pour l'enseignement, soit près de 7 milliards d'euros. Suffisant mais mal utilisé pour les uns, nettement insuffisant pour les autres.
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