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Amnesty International dénonce des maltraitances dans des maisons de repos pendant la crise sanitaire

 
CORONAVIRUS
 

En Belgique, où plus de 60% des décès attribués au coronavirus concernent des patients en maisons de repos et de soins, certaines mesures ont bafoué les droits humains des résidents, dénonce Amnesty International lundi dans un communiqué. L'ONG indique dans un nouveau rapport que des résidents ont été privés de transferts dans des établissements hospitaliers et que le personnel soignant des maisons de repos et de soins a souffert d'un manque de préparation, d'expertise, d'équipements de protection personnelle et de capacités de dépistage.

Le document rendu public lundi note une série de violations des droits humains, dont les droits à la santé, à la vie et à la non-discrimination, subies par des résidents de maisons de repos et de maisons de repos et de soins en Belgique entre mars et octobre 2020, dans le contexte de la pandémie de Covid-19, selon l'organisation. "Malgré les risques évidents, et bien qu'elles en aient eu conscience, nos autorités ont échoué à mettre en place des mesures rapides et suffisantes pour protéger non seulement les résidents, mais aussi le personnel des maisons de repos et de soins, lequel a réalisé et continue de réaliser un travail crucial dans des conditions très pénibles", affirme Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d'Amnesty International.

Personnel et financement insuffisants

Les recherches menées par l'ONG ont mis en évidence que les lacunes du système des soins de santé ont contraint les hôpitaux et les maisons de repos et de soins de "fonctionner avec un personnel et un financement tout à fait insuffisants". La surcharge de travail pesant sur les épaules du personnel soignant a notamment réduit les capacités de soins. Les résidents des maisons de repos et de soins ont par ailleurs été privés de transferts dans des établissements hospitaliers, dénonce Amnesty.

"Certaines personnes âgées sont probablement décédées prématurément, en raison de l'interprétation mortifère des directives concernant le tri des patients", déplore M. Hensmans. Selon le rapport, les soins qui étaient habituellement prodigués dans des hôpitaux ont dû être apportés à l'intérieur même des maisons de repos et de soins sans les ressources en personnel et l'expertise dont disposent les structures hospitalières.

Dans le rapport, une aide soignante d'une maison de repos de Bruxelles rapporte un "sentiment de honte de ne pas pouvoir soigner les résidents comme il le fallait", partagé par bon nombre de ses collègues. "Au début du mois d'avril, c'est devenu l'enfer, explique-t-elle. Même leur donner à boire régulièrement était devenu difficile, vue le nombre élevé d'absents parmi le personnel soignant".

L'épouse d'un résident témoigne quant à elle de la maltraitance subie par son mari. "Mon mari n'arrivait plus que très difficilement à manger seul, explique-t-elle. Au fil du temps, il maigrissait. Je le voyais dépérir. Quand je m'en suis inquiétée auprès du personnel, une soignante m'a répondu : 'il nous est impossible de donner à manger à tout le monde tous les jours'. Quand je proposais de venir le nourrir, on continuait à me refuser toute visite, pourtant, il n'était pas atteint de la COVID".

Manque d'équipements de protection individuelle

La limitation de l'accès des médecins généralistes à ces établissements a par ailleurs encore aggravé la situation, elle-même amplifiée par l'absence de lignes directrices gouvernementales précises, adéquates et légales. Amnesty note aussi un net contraste entre les moyens dont ont pu bénéficier les hôpitaux dans la première phase de la pandémie et ceux des maisons de repos et de soins, notamment en ce qui concerne la mise à disposition d'équipements de protection individuelle (EPI).

L'organisation regrette par ailleurs que le personnel n'a pas pu avoir accès de façon prioritaire aux opérations de dépistage, malgré les demandes urgentes émises dès le mois de mars. Le manque d'EPI et de tests ainsi que la surcharge de travail imposée au personnel soignant a mené à des situations d'insuffisance et des négligences, renforcées par la suspension des visites et des inspections.

Tout ceci aurait induit la mise en place de "mesures disproportionnées et discriminatoires", limitant la liberté et l'autonomie décisionnelle des résidents. Amnesty s'inquiète en outre "d'informations indiquant un recours accru aux moyens de contention mécaniques et chimiques à l'encontre de personnes âgées atteintes de démence". L'organisation conclut son communiqué en rappelant que "la Belgique, au titre du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels qu'elle a signé et ratifié, est tenue de veiller à ce que les installations, biens et services de soins de santé soient disponibles en quantité suffisante, accessibles à tous sans discrimination aucune, acceptables pour tous, c'est-à-dire respectueuses de l'éthique médicale et culturellement appropriées, et de bonne qualité."

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