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Attentats à Bruxelles: trois mois après, la menace terroriste pèse toujours sur la rue de la Loi

Attentats à Bruxelles: trois mois après, la menace terroriste pèse toujours sur la rue de la Loi
 
Bruxelles
 

Trois mois après les attentats bruxellois de l'aéroport national (Zaventem) et du métro Maelbeek, la rue de la Loi reste sous le coup de la menace terroriste. Retour sur un trimestre de politique fédérale fait de démissions - refusées ou acceptées -, de mesures anti-terroristes, de polémiques et d'opérations policières.

Ces derniers jours ont été marqués par les fuites dans les médias sur l'existence présumée d'une menace sur les centres commerciaux et autres lieux publics, le renforcement de la protection de plusieurs personnalités et une importante opération policière de la nuit de vendredi à samedi qui aurait permis de déjouer un projet d'attentat. Le Premier ministre Charles Michel a appelé au calme et annoncé dans le même temps plusieurs mesures de sécurité complémentaires.


La commission d'enquête prépare ses premières recommandations 

Un premier train de mesures avait déjà été adopté, rendant possibles les perquisitions de nuit dans les dossiers antiterroristes, les écoutes téléphoniques dans le cadre de la lutte contre le trafic d'armes, ou encore l'instauration de registres des combattants étrangers. Mais d'autres mesures ne sont pas encore concrétisées, comme en témoigne le travail de la commission parlementaire mise sur pied après les attentats de Paris, et où se font toujours attendre plusieurs projets de loi gouvernementaux. Des propositions telles que le bracelet électronique pour les personnes radicalisées n'ayant rien commis de pénalement répréhensible semblent faire long feu, tandis que la majorité parlementaire recherche toujours le soutien aux deux tiers nécessaire à l'allongement du délai de garde à vue. La commission d'enquête mise en place après les attentats de Bruxelles, elle, a clos son premier volet de travail relatif aux services d'urgence.


La mise en place d'un plan d'urgence plus efficace souhaitée

Elle prépare désormais ses recommandations. Celles-ci se fonderont notamment sur le sujet épineux de la fermeture du métro bruxellois, dont la décision a été prise un peu moins d'une heure après l'attentat de Zaventem mais qui n'est jamais parvenue à la STIB. Les procédures seront raccourcies et la chaîne de responsabilité clarifiée, notamment via une cellule de coordination pour le suivi des décisions du centre de crise fédéral. Les manquements des réseaux de communication mobile ou du système ASTRID dans les minutes qui ont suivi les attentats avaient frappé les esprits. Ils sont notamment le fait d'un mauvais usage par les acteurs de terrain. Outre une capacité supplémentaire et l'instauration d'un "roaming national" en cas d'urgence, la réponse passera donc par des exercices d'entraînement et l'acheminement des interlocuteurs vers leurs groupes adéquats de communication multidisciplinaire. Ce dernier aspect de la réaction semble avoir surtout été problématique à l'aéroport de Bruxelles (Zaventem), où il a manqué un coordinateur entre services d'urgence. Les pompiers, qui doivent normalement fournir ce "Dir CP-Ops", ne semblent pas les plus à mêmes d'endosser ce rôle en cas d'attentat. Il n'existait pas non plus à l'aéroport national de plans d'intervention d'urgence en cas de terrorisme. De tels plans devront être flexibles, ont insisté les experts de la commission d'enquête, car des procédures indépendantes pour chaque type d'attentat - fusillade, explosion, armes chimiques, etc. - ne seraient pas pratiques. Les experts ont aussi plaidé pour une centralisation des centres d'urgence provinciaux.


Vers une tournure politique?

Le 22 mars, l'hôpital universitaire Saint-Luc, situé à un jet de pierre de l'aéroport, n'avait reçu que peu de blessés. La centrale 100 de Louvain avait en effet décidé d'épargner cet hôpital après l'explosion à Maelbeek, tandis que celle de Bruxelles partait du principe que Saint-Luc était débordé après les explosions de Zaventem. Des conflits dans l'envoi des ambulances auraient aussi pu être évités. Jusqu'à présent, seul des acteurs administratifs ou de terrain sont passés devant la commission. Plusieurs ministres devraient en principe être aussi entendus, notamment les ministres de la Santé et de l'Intérieur, Maggie De Block et Jan Jambon. Qu'en sera-t-il du ministre-président bruxellois, Rudi Vervoort? La question pourrait prendre rapidement un tour politique. Des tiraillements se sont déjà fait sentir entre le PS et le MR suivant que l'un ou l'autre niveau de pouvoir est mis en cause quand il est question de la fermeture du métro. Dans un second temps, les députés de la commission d'enquête se pencheront sur le travail des services de sécurité et de renseignements, en veillant à instruire à charge et à décharge, dans un climat où la menace terroriste reste lourde.

La question des capacités humaines et budgétaires ne sera jamais loin. Certains partis d'opposition disent déjà craindre des freins de la majorité si un membre du gouvernement venait à être pointé du doigt. Chacun garde en mémoire les démissions refusées des ministres de l'Intérieur Jan Jambon et de la Justice Koen Geens, ainsi que celle - acceptée celle-là - de la ministre de la Mobilité Jacqueline Galant, après des rapports critiques sur la sécurité de l'aéroport de Bruxelles. L'image d'une Belgique en faillite avait fait couler beaucoup d'encre, à l'étranger aussi. Les fuites des derniers jours dans les médias de notes confidentielles sur des projets d'attentats ont ajouté à la tension, tant au sein du monde politique que dans les services de sécurité et de renseignements du pays.


 

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