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Avocats, magistrats et greffiers s'arrêtent de travailler: "Des justiciables sont reçus dans un cagibi, entre l'aspirateur et la raclette"

 
 

La Belgique investit 4 fois moins que les membres du conseil de l'Europe dans sa justice. Les avocats, les greffiers, les magistrats n'en peuvent plus. Il manque 273 magistrats dans nos cours et tribunaux et 180 membres du personnel administratif, dans nos cours et tribunaux. Les acteurs du monde judiciaire se sont croisés les bras en fin de matinée pour protester.

Un appel à l'aide pour mettre en lumière les dangers qui guettent notre démocratie: voilà comment les acteurs du monde de la justice décrivent l'action qu'ils ont menée. A 11h30, ils ont arrêté de travailler pour se rassembler devant les palais de justice du pays. Ils veulent ainsi interpeller le monde politique à 66 jours des élections et notamment sensibiliser au sous-financement, au manque de personnel, aux problèmes structurels dont ils disent souffrir.


Photos: Justine Roldan Perez


"Un juge épuisé, fatigué, qui fera ce qu'il peut, mais qui ne sera pas en mesure de rendre une décision acceptable"

Le problème, c'est que les premières victimes, ce sont les justiciables, les citoyens. "Ce sont des milliers et des milliers de dossiers qui ne peuvent plus être traités, ça veut dire quoi, que si j'introduis aujourd'hui une demande parce que je suis dans le cadre d'un divorce et je veux que le tribunal prononce mon divorce ou organise le droit de garde concernant les enfants, plutôt que de passer devant un tribunal dans quelques semaines, je passerai dans quelques mois, et plutôt que de passer devant un juge qui va entendre une dizaine ou une quinzaine de familles, je vais devoir passer devant un juge, qui sur une même audience, va devoir entendre 20, 25, 30, familles, c'est-à-dire devoir rendre des décisions beaucoup plus rapidement, sans la sérénité voulue. Donc un juge épuisé, fatigué, qui fera ce qu'il peut, mais qui ne sera pas en mesure de rendre une décision qui soit une décision acceptable", estime Vincent Macq, Président de l'Union professionnelle de la magistrature.

Marie Messianen est juge au tribunal du travail, elle a manifesté à Mons : "Au tribunal du travail, l’audience en sécurité sociale, elle est au premier étage et il n’y a pas d’ascenseur. Les justiciables qui ne peuvent pas monter, on les reçoit dans un cagibi entre l’aspirateur et la raclette, alors qu’ils attendent cette audience depuis 4 ans et demi, ce n’est pas digne, ça envoie un message qu’on ne prend pas leur affaire au sérieux, et nous ce n’est pas pour ça qu’on a choisi de faire ce métier".


"Il faut 740 millions"

"On a mis en place toute une série d’obligations financières et administratives qui amènent à ce que les justiciables les plus précarisés abandonnent dès le moment où on leur dit vous devez aller consulter le bureau d’assistance judiciaire", déplore Christian Henry, le procureur du roi de Mons.

Koen Geens, le ministre de la Justice, estime que pour rénover notre justice correctement, il faudrait une enveloppe de 740 millions d'euros. Il espère pourquoi obtenir des augmentations de budget. "Ces 740 millions, cela couvre 300 pour l’ordre judiciaire, 200 pour les prisons et pour la sûreté de l’état et 240 pour les bâtiments de justice. Il y a de grands arriérés et pour les rattraper, il faut énormément de travail. On a bossé comme des fous, ces cinq dernières années mais il faudra continuer. Mon successeur aura besoin de plus d’argent que moi. Sinon, il ne réussira pas", a réagi le ministre.


 

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