Ce mercredi, les autorités bruxelloises ont annoncé une mesure radicale pour freiner la seconde vague de l'épidémie de coronavirus qui a débuté au mois de septembre, les chiffres suivant une courbe exponentielle. Il a été décidé de fermer les bars, les cafés, les salons de thé, les buvettes de club de sport amateur, les salles de fête et les salles de sport amateur intérieur. De plus, la consommation d'alcool sur la voie publique est interdite. Ces mesures concernent tout le territoire de la Région bruxelloise (les 19 communes, donc), et sont d'application durant 1 mois à compter du jeudi 8 octobre 7h du matin.
Dès mercredi après-midi, des groupes d'étudiants et de jeunes ont eu un très mauvais réflexe: se donner rendez-vous en soirée pour faire "une dernière fête" dans les bars de Bruxelles. De quoi occasionner, on peut le craindre, un nouvel épisode de contamination massive. Les terrasses étaient assez bondées un peu partout.
Nous avons tendu notre micro pour récolter quelques témoignages. "C'est une ambiance un peu spéciale, comme on a vécu juste avant le confinement. Les gens veulent sortir une dernière fois, je peux les comprendre", explique un tenancier, un peu dépité, qui va "s'adapter pour ne plus accepter que les gens qui mangent, on verra si c'est possible de tenir comme ça".
"Ne croyez pas qu'on va s'arrêter"
Du côté des jeunes, les propos sont moins mesurés. "On nous dit qu'on ne peut plus aller dans les bars, alors tout Bruxelles se bourre la gueule. On transmet le virus une bonne fois pour toutes avant de se confiner, ça n'a pas beaucoup de sens", confie l'un d'eux, qui adresse le message que tout le monde craignait aux autorités: "Ne croyez pas qu'on va s'arrêter de faire la fête parce vous dites qu'on ne peut plus le faire, on le fera simplement ailleurs, dans les appartements".
Autre conséquence prévisible: ces mesures privatives strictes alimentent les théories à la limite du complotisme, qui circulent abondamment sur les réseaux sociaux et dans les discussions. Celles évoquant un Etat autoritaire qui veut transformer les citoyens en moutons obéissant, pour les contrôler. "On se sent réprimandé, parce qu'on a l'impression que les jeunes sont la portion de la population qu'il faut tenir en laisse", dit un jeune tenant des bouteilles d'alcool en main.
En rangeant sa terrasse vers 23h, une tenancière tenait un discours plus sombre encore: "On cherche à brimer la population, à l'opprimer. Empêcher la population de se rassembler, c'est l'empêcher de se concerter et de réfléchir à ce qui se passe en ce moment. On nous prive de tous nos loisirs: les bars, le sport, la culture".
Rappelons que ces mesures ont pour but d'éviter la saturation des hôpitaux, qui amènerait le personnel médical à être débordé de travail et surtout, à devoir faire des choix, à laisser mourir certains patients. Les hôpitaux surchargés, ce sont aussi des citoyens malades qui ne peuvent plus ou n'osent plus se faire soigner, même pour des pathologies lourdes.
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