Les inondations de ces dernières semaines ont pris une tournure dramatique dans plusieurs communes, notamment en province de Liège. Ces inondations ont notamment été favorisées par le développement territorial. Une étude récente de l'Iweps, l’Institut wallon de l’évaluation et de la statistique, montre que les zones résidentielles sont toujours plus nombreuses, au détriment des zones naturelles. Des forêts, prairies et champs qui sont pourtant essentiels pour l’absorption des eaux.
Pour bien comprendre le phénomène, une géographe que nous avons interrogée nous emmène à Ottignies, au bord de la Dyle. "La Dyle a complètement débordé. En aval et en amont, il y a eu des inondations à côté des habitations, tandis qu'ici la prairie a joué un rôle d'éponge et a gardé l'humidité. De même que toute la zone boisée ici", explique Isabelle Reginster, géographe et chargée de mission à l’IWEPS, Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique.
C’est d’ailleurs visible sur ces photos. Le cours d’eau a débordé, mais s’est limité à la prairie.
Si cette prairie avait été transformée en zone habitable ou en parking, le résultat aurait été différent. Car la nature a un rôle en cas de forte pluie, que n’a pas une zone habitable. "Le rôle de servir d'éponge et de zone éventuellement inondable, pour que ça n'inonde pas dans les zones très urbanisées", précise Isabelle Reginster.
2.000 terrains de football en moins chaque année
Le problème, c’est que nous construisons toujours plus. En 35 ans, la surface résidentielle a progressé de 50% en Wallonie. Cela veut donc dire que chaque année, la région perd 15km² de nature.
Pour vous représenter ce chiffre, cela équivaut à une surface de plus de 2.000 terrains de football de 7.500m² chacun.
Des espaces transformés en des zones dites "artificialisées". C'est-à-dire des zones naturelles qui sont donc modifiées. La moitié du temps, c'est en habitat, mais pas seulement. "Le reste, c'est d'autres fonctions plus urbaines: les routes, les infrastructures, les zones d'activité économique pour les entreprises", indique Isabelle Reginster.
Laisser des zones qui vont servir de tampon en cas d'inondation
Pour contrer les inondations, la géographe que nous avons rencontrée recommande de changer notre manière de construire. "Densifier là où c'est déjà artificialisé, pour justement laisser des zones qui vont servir de tampon en cas d'inondation", estime-t-elle.
Le gouvernement wallon a déjà prévu de freiner progressivement l'étalement urbain et d’y mettre fin en 2050. Cette échéance sera-t-elle modifiée à l'issue des inondations dramatiques?
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