A deux semaines de la rentrée scolaire, certains enseignants ignorent encore dans quel établissement ils seront affectés. C'est le cas de Charlotte: instructrice depuis six ans, elle enchaîne les intérims. Sébastien Prophète et Anne Lutgen l'ont rencontrée.
Pour Charlotte, c'est devenu un rituel: chaque année elle met à jour son curriculum vitae et l'envoie dans de nombreuses écoles. En plusieurs semaines de recherches, elle n'a reçu que des réponses négatives. Le message est toujours le même: "Nous avons bien reçu votre CV, nous avons le regret de vous informer que tous les emplois vacants ont été attribués".
"Je passe pour rencontrer le directeur et lui remettre mon CV en main propre"
Charlotte garde malgré tout espoir et persévère. Après un premier courrier en juin, elle envoie une nouvelle fois ses lettres de candidature. "Au mois de juin et au mois d'août. Et dans les écoles qui sont proches, lorsqu'elles rouvrent, je passe pour rencontrer le directeur et lui remettre mon CV en main propre", explique Charlotte Sterpin. "Si vous ne le faites pas on vous oublie, d'année en année les CV sont classés. Donc chaque année il faut les renvoyer pour refaire partie de la base de données", précise-t-elle.
"Quand on n'a pas de boulot, qu'on voit la fin du mois qui arrive…"
Diplômée depuis six ans, Charlotte enchaîne les intérims, et n'a jamais le temps d'accumuler suffisamment d'heures pour être nommée dans un établissement. À quinze jours de la rentrée, elle n'a toujours pas d'école. "Le plus fatiguant, c'est qu'on ne sait jamais où on va arriver et on n'a aucune sécurité, pour la famille derrière… C'est sûr que quand on n'a pas de boulot, qu'on voit la fin du mois qui arrive, on espère que le lendemain le téléphone va sonner", confie la jeune femme.
Sur le bureau de la directrice Libens, les CV s'amoncellent
Il y a beaucoup de candidats, mais peu de places disponibles. Du coup, de nombreux professeurs sont en attente, et Charlotte est loin d'être la seule dans ce cas. Sur la table de Michelle Libens, directrice d'école, des dizaines de CV s'accumulent, mais son cadre d'enseignants est complet. "Dans le courant de l'année, là je vais avoir la possibilité de trouver de l'emploi. Pour peu de jours, six jours minimum, ou plus longtemps, quinze jours ou un mois, pour des congés de maternité et des remplacements", explique Michelle Libens, directrice de l'école Saint-Martin de Cortil-Wodon.
Charlotte souligne la difficulté de mener des projets à long terme en raison de sa situation. L'an dernier, elle a commencé à travailler en octobre… Aujourd'hui, elle croise les doigts.
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