Salah Abdeslam et quatre de ses coaccusés au procès des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles ont quitté mercredi matin la salle d'audience pour protester en particulier contre des conditions d'extraction jugées "indignes".
"Tout ce qu'on veut c'est parler, tout ce qu'on veut, c'est se défendre", a assuré l'un d'eux, Ali El Haddad Asufi, pendant que ses voisins de box se levaient et partaient sans un mot.
Outre le Français Salah Abdeslam, le Belgo-Marocain Mohamed Abrini, le Suédois Osama Krayem et le Tunisien Sofien Ayari, tous déjà condamnés en France pour leur participation aux attentats du 13 novembre à Paris, ont quitté le box.
"Tout est fait pour qu'on se taise (...) tout est fait pour nous briser psychologiquement", a poursuivi Ali El Haddad Asufi, accusé de soutien logistique aux auteurs des attentats qui ont fait 32 morts à l'aéroport de Bruxelles-Zaventem et dans le métro bruxellois.
Il a demandé "des mesures dignes", comme "tous les justiciables".
"Si personne ne parle, il ne peut pas y avoir de procès", a encore déclaré Ali El Haddad Asufi, dénonçant un "procès politique" avant de déserter le box à son tour.
"Pour la cour d'assises, ce n'est pas un procès politique", a affirmé la présidente Laurence Massart. "On va tout examiner à charge et à décharge", a-t-elle insisté.
C’est donc devant un box presque vide que la lecture de l’acte d’accusation se poursuit ce mercredi au Justitia.
"De la musique satanique"
Les protestations contre les conditions d'extraction et de transfert des sept accusés comparaissant détenus - deux autres sont libres et un dixième, présumé mort en Syrie, est jugé par défaut - avaient déjà marqué la première journée de débats lundi.
Mohamed Abrini, connu comme "l'homme au chapeau" qui a renoncé à se faire exploser à l'aéroport de Bruxelles le 22 mars 2016, avait pris la parole pour critiquer des conditions de transfert "pitoyables" et "humiliantes", les yeux bandés avec de "la musique satanique à fond", ainsi que des fouilles à nu.
L'avocat d'Ali El Haddad Asufi, Jonathan de Taye, avait, lui, dénoncé les génuflexions à nu et annoncé une mise en demeure du ministère de la Justice afin d'obtenir l'assouplissement des mesures de sécurité.
Après cet incident d'audience, le ministère public poursuivait la lecture de l'acte d'accusation, un résumé des investigations de plus de 400 pages, devant un box quasi vide.
Un procès sans accusé: "pas envisageable"
"Il n'est pas envisageable pour nous que les accusés ne prennent pas part au procès!", clame mercredi le groupement Life4Brussels, qui rassemble les avocats de 300 victimes des attentats de Bruxelles et Zaventem en 2016.
"Le SPF Justice doit absolument remédier à la situation. (...) Après la saga des box, aujourd'hui, une nouvelle saga risque de mettre à mal ce procès. Il n'est pas envisageable pour nous que les accusés ne prennent pas part à ce procès!", selon un bref communiqué de Life4Brussels.
Les survivants des attentats ont vécu des choses terribles après les attentats de 2016, mais ce n'est pas une raison "pour traiter les accusés de manière inhumaine et dégradante", déclare une victime, citée dans le communiqué. "Une partie des victimes a besoin de réponses", a déclaré la présidente de Life4Brussels Jamila Adda. "Si les conditions sont vraiment si mauvaises, il faut faire quelque chose pour y remédier. Les victimes ne doivent pas être prises en otage par cette situation."
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