La Chambre du Conseil de Bruxelles devrait trancher demain sur l'extradition de Salah Abdelslam. Le terroriste présumé n'a pas été très bavard durant les interrogatoires des enquêteurs. Comment ces professionnels tentent de faire parler ce genre de suspects? Nathanael Pauly et Emmanuel Tallarico se sont penchés sur cette question avec Christian De Vroom, ancien patron de la police judiciaire dans le RTLINFO 19H.
Christian De Vroom a dirigé la police judiciaire dans les années nonante. Il a mené une multitude d'interrogatoires durant lesquels il a rencontré de nombreux criminels. Pour lui, questionner un terroriste présumé est un travail particulièrement difficile. "L'interrogatoire ou l'audition d'un terroriste est dix fois plus difficile que celle d'un criminel de droit commun. Parce qu'il a cette carapace qui l'enferme dans une espèce d'idéologie. Il ne faut pas oublier qu'il se trouve en face d'un ennemi", confie-t-il.
Créer une relation de confiance
Faire parler un suspect est un travail de longue haleine. Le plus important est de créer une relation de confiance. Pour cela, Christian De Vroom avait l'habitude d'utiliser une technique bien précise. "On ne parle jamais d'assassinat, on ne dit jamais que vous êtes un assassin ou un salaud. À ce moment-là il se bloque. Donc il faut partir dans un autre climat, parler de ses parents, de ses études…", explique l'ancien policier. "Ça peut prendre des heures et des heures avant d'établir cette confiance, et à ce moment-là vous resserrez un petit peu ce que vous avez à demander", ajoute l'ancien patron de la police judiciaire.
Salah Abdeslam refuse de collaborer
Comme l'a dit son avocat Sven Mary, Salah Abdeslam est d'une importance capitale pour les enquêteurs. Mais depuis quelques jours il ne collabore plus, ce qui complique les interrogatoires. Pour Christian De Vroom, ce silence ne fera pas abandonner les enquêteurs. "Malgré tout, il y a des moments où vous devez sortir et aller un petit peu taper contre un mur et dire 'Je vais le tuer, je vais le tuer!' puis il faut rentrer à nouveau et se calmer. Mais il est bien vrai qu'on n'abandonne pas. Tant qu'on a la personne sous la main on n'abandonne pas", explique-t-il. "C'est presqu'un combat. Je ne vais pas dire à armes égales, mais équilibré. Les gens croient toujours que l'enquêteur et la justice ont l'avantage, mais ce n'est pas vrai", précise Christian De Vroom.
L'erreur à ne pas commettre, c'est d'utiliser la violence. Pour notre témoin, elle est inutile, surtout avec des terroristes présumés. Cela risquerait de rompre définitivement toute communication.
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