Jo Cornu et Jean-Claude Fontinoy déplorent la publication de courriers internes pour le moins salés.
L'administrateur délégué de la SNCB Jo Cornu a démenti vendredi, dans un communiqué diffusé par la SNCB, avoir accusé de corruption, de magouille, ou de toute autre malversation le président du Conseil d'administration de la SNCB, Jean-Claude Fontinoy. Dans un courrier du 21 janvier, le premier formule pourtant de lourdes interrogations sur les activités d'une filiale, notamment un projet en Inde dans lequel est intervenu le second.
"Des courriers internes"
Jo Cornu et Jean-Claude Fontinoy affirment déplorer tous deux "que des courriers internes relevant d'échanges de vue sur des dossiers stratégiques et de gouvernance propre à la société aient été transmis en dehors de celle-ci". Les deux hommes ajoutent prendre acte "que les courriers mentionnés ont, en outre, été distribués par Madame la Ministre aux journalistes suite à ces articles de presse et espèrent que cela permettra d'apaiser la situation et de mettre fin aux accusations infondées relayées par la presse".
Tensions entre les deux hommes
De Morgen et L'Echo ont fait état des tensions entre M. Cornu et M. Fontinoy dans des articles parus jeudi et vendredi. A lire la copie d'un courrier adressé par l'administrateur-délégué au président, les relations entre les deux hommes semblent tendues. M. Cornu y épingle la "volonté de la présidence et de ses services d'intervenir de plus en plus dans le fonctionnement opérationnel de l'entreprise et de soumettre au conseil d'administration des propositions de décision sans que les conséquences financières potentielles de ces décisions aient été clairement analysées".
Discorde autour d'une filiale de la SNCB
L'objet de la discorde porte sur la filiale de la SNCB Eurostation, déjà mise en cause par la ministre à la fin de l'année passée, lors du débat sur le budget 2015 et qui est spécialisée dans la rénovation des gares et l'aménagement de leurs alentours. La proposition a été faite de confier à Eurostation une étude de faisabilité sur la jonction Nord-Midi, dont le coût varierait entre 20 millions et 80 millions d'euros. "Une décision visant à permettre à Eurostation de dépenser sans limites de telles sommes va à l'encontre des principes élémentaires de bonne gestion", souligne l'administrateur-délégué qui rappelle la compétence d'Infrabel dans le domaine de l'infrastructure ferroviaire.
L'administrateur-délégué s'interroge sur un projet de développement immobilier en Inde
Autre dossier évoqué: un projet de développement immobilier en Inde qui suscite les interrogation de M. Cornu au regard des performances d'Eurostation en Belgique, notamment en termes de retards et de dépassements de budget. "Je m'interroge sérieusement quant aux possibles performances d'Eurostation en Inde, dans un environnement qui lui est totalement inconnu, tant en ce qui concerne les entrepreneurs que les autorités compétentes. Les accords proposés avec des partenaires locaux, qui prévoient le paiement de commissions d'une valeur de 35% des recettes qu'Eurostation générerait ici, suscitent également de grandes interrogations, assurément à la lumière de l'indice de perception de la corruption établi par Transparency International", avertit M. Cornu.
Jo Cornu met en garde le président
Les services de M. Fontinoy sont directement intervenus à propos de ce projet auprès de l'ambassadeur belge en Inde sans la moindre concertation avec l'administrateur-délégué, constate M. Cornu. Et ce dernier met en garde le président contre les conséquences de ce genre d'"aventure aux risque et périls d'Eurostation": les "pertes peuvent atteindre des dizaines de millions d'euros". Lors d'une visite en Inde au mois de janvier, le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Pieter De Crem, avait fait la promotion d'Eurostation auprès du ministre indien des chemins de fer. "Sur la base de ces deux derniers exemples, je suis amené à conclure que la présidence et ses services ont pris, ces derniers mois, un certain nombre d'initiatives impliquant de très gros risques financiers pour l'entreprises, sans que ces risques aient été analysés et discutés suffisamment au préalable", dit encore l'administrateur-délégué.
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