Le coronavirus en Belgique touche de nombreuses entreprises et petits commerces. Forcés de fermer leurs portes suite aux mesures prises par le Conseil national de sécurité, certains d’entre eux ont déjà notamment fait une demande d’indemnisation (5.000 euros) auprès de la Région wallonne. D’autres reçoivent des coups de pouce inattendus. C’est le cas de Nancy. Gérante d’une brasserie-restaurant, elle a reçu un mail du prioritaire de son établissement qui lui a annoncé qu’elle ne devait plus payer de loyer d’ici la fin de la crise sanitaire. Un geste fort qu’elle tenait à souligner en partageant son histoire.
Le 12 mars dernier en fin de soirée, Nancy, gérante d’une brasserie-restaurant dans un zoning de la région liégeoise, apprend qu’elle va devoir fermer son établissement dans le cadre de la lutte contre le coronavirus.
"Au départ, je n’avais pas bien vécu l’annonce de la fermeture, d’un point de vue financier. Mais je pense que c’était inévitable. Je trouvais dommage que de mesures de confinement strict n’ont pas été prises plus tôt. Mais il y a plus malheureux que moi. Je suis en bonne santé et je pense que dans ces cas-là, tout le monde se serre les coudes et on évite de pleurer sur notre sort", confie-t-elle.
L’habitante de Momalle (Remicourt) a tenu à rester positive malgré les conséquences importantes entraînées par la fermeture de son commerce. Elle a ainsi cherché ainsi des moyens de s’en sortir financièrement. Son réflexe a été de rapidement contacter le propriétaire du bâtiment dans lequel elle travaille depuis six ans. Et elle a reçu une très bonne nouvelle.
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Il y a encore des gens solidaires
"Voyant que les choses n’allaient pas en s’améliorant, j’ai pris l’initiative d’envoyer un mail à mes propriétaires pour leur expliquer la situation. Je leur ai dit que je ne serai peut-être pas en mesure d’honorer le loyer du mois d’avril mais que je ferai en sorte de rattraper ça le plus rapidement possible", raconte-t-elle. "La propriétaire m’a répondu une première fois en disant qu’elle comprenait fort bien la situation et qu’elle me souhaitait bon courage. Sauf qu’une semaine après, j’ai reçu un mail de ce groupe immobilier disant qu’il avait décidé de me faire une note de crédit pour les 15 derniers jours de mars, la moitié du loyer (qui s’élève à 2008 euros). Ils ont donc laissé tomber cette somme ainsi que les prochains loyers jusqu’à la réouverture de l’Horeca en général."
Les loyers sont souvent une épée de Damoclès
"Il y a encore des gens solidaires. C’est un geste très fort que je tenais à souligner. Les loyers sont souvent exorbitants et, sans rentrée d’argent, c’est souvent une épée de Damoclès sur la tête des petits indépendants déjà pris à la gorge...", ajoute-t-elle. "C’est un geste que tous les propriétaires (pour les loyers professionnels mais aussi privés) devraient se résoudre à faire (ou du moins consentir un effort) afin de permettre aux gens de respirer dans ces moments difficiles... Merci à eux !"
Pour sa "petite structure", une brasserie-restaurant qui peut accueillir 30 personnes, cette aide est une vraie bouffée d’air frais. "Je n’ouvre que le midi. Mon chiffre d’affaire se faisait à ce moment-là. Pour moi, 2.000 euros d’économiser par mois, c’est énorme."
Nancy a également sollicité une indemnité de 5.000 euros qui pourrait lui être accordée par la Région wallone (en savoir plus sur les critères que doivent rencontrer les entreprises). La plateforme pour introduire une demande a été mise en ligne par le SPW Economie ce vendredi 27 mars à l'adresse indemnitecovid.wallonie.be. Selon Willy Borsus, quelque 55.000 entreprises et indépendants wallons sont potentiellement éligibles à l'indemnité compensatoire de 5.000 euros octroyés par la Région.
"Je reste positive malgré la situation. J’avais mis un peu d’argent de côté. Je suis une petite structure mais les gens qui ont de plus grandes entreprises (PME), cela va être compliqué. Je peux réinjecter de l’argent car mes charges mensuelles ne sont pas énormes par rapport à certains. Je peux tenir un petit peu. Si le confinement dure 2-3 mois, je peux m’en sortir. Certains ne pourront pas en dire autant", regrette Nancy. "Les 5.000 euros pourraient me permettre de payer des crédits. Si j’avais dû payer le loyer, toute cette aide aux entreprises serait partie là-dedans et je n’aurais plus rien eu d’autre pour payer le reste."
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Le syndicat des locataires assailli d'appels et d'e-mails
Par ailleurs toujours concernant les loyers à payer, le syndicat des locataires a indiqué, le 23 mars dernier, avoir reçu des centaines de coups de fil et d'e-mails.
En cette période de confinement, où l'économie est en pause dans bien des secteurs, des salariés et des petits indépendants voient leur salaire diminuer. Ils craignent de ne pas pouvoir honorer leur loyer d'habitation.
"Les gens sont inquiets et veulent être informés. Nous leur disons que la situation est inédite et que rien n'est prévu sur le plan légal pour l'instant. Les loyers et les charges du mois de mars devront être payés. Mais le locataire qui se trouverait en difficulté financière peut toujours contacter son bailleur pour négocier un report des payements ou une diminution temporaire des mensualités", a expliqué José Garcia, secrétaire général du syndicat des locataires.
Attention cependant, "il doit y avoir un accord entre les deux parties et une preuve écrite", a poursuivi le secrétaire général. Et si un paiement dû n'était pas versé, le juge de paix pourrait s'en mêler.
Statistiquement, les Bruxellois risquent d'être les plus concernés, puisque 51% d'entre eux sont locataires, contre 40% du côté des Wallons et des Flamands.
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