Ce matin, Christelle Meurisse, infectiologue au CHU de Liège et médecin chef d'une unité Covid-19, était l'invitée de Fabrice Grosfilley sur Bel RTL. Elle lui a expliqué clairement pourquoi le choix est fait dans les hôpitaux de ne pas mettre en soins intensifs les personnes plus âgées, ayant parfois des pathologies préexistantes.
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"C'est un choix avant tout pour le patient, a confié Christelle Meurisse. Dans le sens où, il faut bien comprendre que quand on se retrouve intubé aux soins intensifs avec une pneumonie à Covid-19, c'est une intubation qui va généralement perdurer pendant plusieurs semaines. C'est vrai qu'usuellement, quand on a d'autres types de pathologie, on va parfois aux soins intensifs pour quelques jours, on a une intubation de parfois 24-48 heures, juste pour passer un cap, et puis on peut rapidement sortir des soin intensifs. Ici, les gens qui rentrent aux soins intensifs ont des atteintes pulmonaires extrêmement sévères."
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En fin de compte, le pronostic pour ces patients-là, qui sont déjà extrêmement fragiles, est extrêmement mauvais.
La durée de l'hospitalisation en soins intensifs est donc particulièrement longue pour un patient âgé.
"On a, à l'heure actuelle, pas réellement de traitement anti-viral qui va nous aider à traiter en tant que telle la pneumonie virale, et donc on se retrouve avec des patients qui vont être intubés 2-3 semaines, avec, on peut l'imaginer, de grosses séquelles à un certain âge. Evidemment, la capacité de récupérer de 3 semaines d'anesthésie, d'intubation avec peut-être l'apparition de plaies, qu'on appelle des escarres, fait que, en fin de compte, le pronostic pour ces patients-là, qui sont déjà extrêmement fragiles, est extrêmement mauvais. C'est la raison pour laquelle le choix est, plutôt généralement, de ne pas mettre ces patients avec un âge très avancé et des polypathologies aux soins intensifs."
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En temps normal, l'accueil d'une personne âgée malade en soins intensifs ne se passe pas du tout de cette manière, rappelle la médecin, insistant sur la situation exceptionnelle que nous connaissons.
"Ce qui est compliqué, c'est qu'on se retrouve dans des situations extrêmement aiguës. C'est-à-dire que le patient arrive à l'hôpital, il est déjà en détresse respiratoire. On ne voit pas les familles. D'habitude, quand on a une personne âgée qui arrive à l'hôpital pour une pneumonie par exemple bactérienne, on voit la famille, on discute du projet de la patiente ou du patient en fonction de ses comorbidités, en fonction du fait qu'il vit en maison de repos ou pas, qu'il marche encore ou pas, de ce qu'il sait encore faire tout seul… et on peut vraiment avancer ensemble vers une prise en charge qui va être adéquate et qui va être acceptée par tout le monde : médecin, patient, infirmier, médecin traitant, famille. Aujourd'hui, on n'a quasi pas le temps. On a effectivement les familles qui ne sont pas là, donc on doit faire tout ce travail par téléphone et donc, ça met une certaine distance. On ne se connait pas. C'est différent quand vous avez un patient depuis 24 heures dans votre unité, que vous avez accueilli le patient avec sa famille que quand vous accueilliez le patient et tout de suite, il faut prendre une décision."
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