Ce samedi matin, le Centre de crise a annoncé que nous allions pouvoir suivre l'évolution de l'immunité collective grâce à l'analyse des dons de sang. Selon les premiers chiffres, 4% de la population serait actuellement immunisée. Mais il faudrait atteindre un taux de 60 à 80% pour que cette immunité joue un véritable rôle dans la lutte contre le virus.
Difficile aujourd’hui de savoir exactement où nous en sommes en matière d'immunité collective. Mais sur un échantillon de 3.000 dons de sang réalisés mi-avril, le taux d’immunité est au-dessus des 4%. Un taux qui a doublé en 15 jours. "On espère que ce chiffre augmentera encore. Mais on est encore très loin du chiffre qu'on veut vraiment voir pour avoir une immunité de groupe qui saurait vraiment stopper le virus. Alors il faut voir des pourcentages de 60, 70, voire peut-être 80%. Ça va prendre encore beaucoup de temps", explique Steven Van Gucht, porte-parole interfédéral coronavirus.
Quand le virus aura atteint 60, 70%, 80% de la population, il ne pourra plus progresser aussi vite. Il n’aura plus assez de sujets pour contaminer ceux qui ne l’ont pas été.
Pour bien comprendre voici une population de 15 personnes en bonne santé:
Premier cas de figure, l’une d’elles tombe malade. Comme chaque malade contamine deux personnes. Rapidement, tout le monde est infecté.
Deuxième cas de figure: dans notre population, certains ont déjà contracté le virus et en sont guéris. Dans ce cas, notre première personne qui tombe malade ne peut plus en contaminé que 3, puisque l’immunité collective a empêché le virus de contaminer les autres.
Pourquoi ne pas laisser circuler le virus?
L’idéal ne serait-il donc pas de laisser circuler le virus plus rapidement tout en confinant les populations les plus à risque? "Ça peut être une stratégie que l'immunité se développe plus tôt chez les générations plus jeunes, et au même moment on protègerait les générations plus vieilles. Ça peut être une stratégie du futur, c'est vrai, mais il faudra pouvoir garantir ça. On a déjà vu que dans les maisons de repos ça a été très difficile de les garder libres du virus. Car c'est un virus qui est très insidieux dans sa transmission. Donc c'est à voir si ce sera possible", commente Steven Van Gucht.
Sans certitude, les scientifiques préfèrent plutôt gagner cette immunité collective, non pas en laissant les gens tomber malade mais en les vaccinant. Ce qui n’est pas encore à l’ordre du jour.
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L'immunité de groupe "doit se faire avec le plus de barrières de sécurité possibles"
L'infectiologue Yves Van Laethem était comme chaque soir l'un des invités du RTL INFO 19H pour analyser la situation. Nous l'avons interrogé sur le rôle de l'immunité collective. "Elle va jouer un rôle à long terme, à moyen terme on l'espère. Mais on ne sait pas ce que moyen terme veut dire. On a vu que quelques pourcents de la population sont actuellement porteurs d'anticorps alors qu'on a vécu une période extrêmement chaude pendant un mois et demi de la pandémie. On pense qu'il faudra de nombreux mois, d'une manière beaucoup plus lente, pour que le virus puisse atteindre plusieurs dizaines de pourcents. Et on l'espère, le plus proche possible des 60 ou 70%", a indiqué l'expert.
Dans tous les cas, l'immunité de groupe sera une construction lente. Elle "doit se faire avec le plus de barrières de sécurité possibles. C'est ce qu'on est en train indirectement de faire en rouvrant la société. Il est certain que le virus va plus circuler. En circulant plus, il va immuniser des gens qui normalement ne feront pas l'infection ou de manière très faible. Et dans certains cas il y aura malheureusement des infections plus fortes. Mais la majorité des personnes vont acquérir cette immunité en étant très peu malade. Ça fera partie de l'évolution des mois qui viennent", a précisé Yves Van Laethem.
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