On pense parfois qu'une fois contaminé on ne risque plus d'être infecté à nouveau. Mais une nouvelle étude prouve le contraire. Plusieurs médecins chez nous en ont fait l'expérience : les anticorps que nous fabriquons face au virus semblent "disparaître" au bout d'un certain temps. Cela met, évidemment, à mal la stratégie de l'immunité collective.
Didier Demarcelle est le chef des urgences à l'hôpital Saint-Jean de Bruxelles. Il est en première ligne depuis le mois de mars. Cinq mois durant lesquels le coronavirus a été omniprésent. Didier Demarcelle commente: "C'est une maladie nouvelle. La seule chose apprise, c'est qu'on ignore encore plein de choses." A commencer par l'immunité. Elle est basée sur les anticorps et est acquise après avoir été contaminé. Elle disparaîtrait, selon une étude, la plupart du temps en quelques mois. Stephen Griffin, professeur agrégé à l'école de médecine de l'université de Leeds (Royaume-Uni) et à l'origine de cette étude, fait savoir à ce sujet: "Ce travail confirme que les réponses en anticorps protecteurs chez les personnes infectées semblent décliner rapidement."
Des résultats qui posent question
A l'hôpital Saint-Jean de Bruxelles, ces résultats n'étonnent pas vraiment. Ici, ils sont nombreux à avoir été contaminés au début de l'épidémie, mais les résultats des derniers tests sérologiques effectués en mai sur l'entièreté du personnel posent question. Kenneth Coenye, chef des cliniques à Saint-Jean, informe: "On s'est rendu compte que les gens qui avaient eu un PCR positif confirmé au mois de mars ou avril mais qui étaient peu symptomatiques – juste un petit rhume- aujourd'hui ces personnes n'ont pas du tout d'immunité par anticorps." Autrement dit, ils ne sont pas protégés.
Aucune certitude donc qu'une personne qui a eu le Covid ne peut pas l'avoir une deuxième fois. "On sait que les anticorps ont certainement un rôle de protection. Mais est-ce qu'il est complet, partiel? On ne sait pas. Le virus peut pénétrer de différentes manières dans une cellule. C'est aussi une maladie qui est protéiforme. Elle prend beaucoup de formes, avec beaucoup de symptômes, avec une évolution dans le temps qui est difficile à prévoir", ajoute Didier Demarcelle.
Ces professionnelles mettent donc en garde. Il faut respecter les recommandations et être vigilant. En attendant, ces dernières données remettent en question plus que jamais l'idée de l'immunité collective.
La seule sortie de la crise possible serait l'arrivée d'un vaccin.
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