Frais de douanes exorbitants, produits défectueux… Daniel, comme de nombreux clients Wish, a eu une mauvaise surprise à l'arrivée de son colis. À l’instar de la France, est-il envisageable de bannir du royaume ce géant du shopping en ligne en Belgique ?
Habitué des commandes en ligne, Daniel a eu la mauvaise surprise de se voir infliger de taxes douanières très importantes, suite à un achat effectué sur le site de ventes en ligne Wish. "J'ai commandé un lance-pierre en plastique pour la somme de 55€… Ils me réclament la modique somme de 735,62€". Daniel nous a raconté sa mésaventure avec la plateforme américaine via le bouton orange Alertez-nous.
À l'origine de cette surfacturation, la société de livraison Fedex qui a acheminé le produit jusqu'en Belgique. "Quand je leur signale, que je trouve cela exagéré pour un achat de 55€, ils admettent que ce montant est effectivement aberrant".
Pour seule réponse à sa réclamation, Fedex a simplement expliqué que le montant des frais douaniers pour ces produits, en provenance d'un pays en dehors de l'union européenne, était calculée sur la valeur de l'objet acquis. En d'autres termes, "je dois payer les 735,62€ de frais qui sont soi-disant calculés en fonction du montant de l'achat", explique Daniel.
Mais la mésaventure de cet habitant de Chiny dans la province du Luxembourg ne s'arrête pas là. Insatisfait de la qualité de son produit, il en vient à regretter son achat : "Le manche devait être en aluminium et il n'est en fait qu'en plastique", déplore Daniel, qui s'est rendu compte que le modèle identique était disponible pour 20 euros de moins, ailleurs sur la plateforme.
La France a osé bannir Wish: pour quelles raisons ?
Wish, Alexpress, ou plus récemment le site de ventes de vêtements Shein, sont de plus en plus souvent épinglés pour leurs ventes de produits défectueux, de mauvaise qualité, voire dangereux. Pour Ingrid Poncin, professeur à l'UCL et spécialiste du commerce en ligne, le succès de ces plateformes réside dans les prix très attractifs qu'elles proposent sur une quantité variée de produits. Cependant, cette compétitivité cache souvent une qualité moindre, en dehors des standards européens. En l'occurrence, c'est pour cette raison que la France a fait le choix radical de supprimer Wish des moteurs de recherche de l'Hexagone.
Mais pour la spécialiste, ce déréférencement est aussi lié à la forte concurrence que font peser ces géants de l'e-commerce sur le marché. "Wish est soumis à la législation ainsi qu'aux normes européennes sur ces produits mais ne respecte ni l’un ni l’autre. Ajoutez à cela les prix qui sont très compétitifs, il s’agit de concurrence déloyale au marché européen".
La décision française est forte et unique en Europe. Wish est l'une des applications d'e-commerce parmi les plus utilisées au monde, et déclarait avoir généré en 2020 plus de 1,75 milliards de dollars de chiffres d'affaires.
Il est nécessaire de fournir une éducation à la consommation
"C’est un business extrêmement opaque, il est difficile de quantifier les bénéfices qu’ils génèrent, même s'ils sont à moindre comparaison bien sûr, similaires à ceux d'Amazon qui est une entreprise de vente en ligne du même type".
En déréférençant la plateforme des moteurs de recherches, Wish devient en théorie, inaccessible aux internautes français. En théorie seulement, car n'importe qui peut en réalité retrouver Wish, en tapant directement l'adresse du site de vente dans sa barre de recherche.
"Il est nécessaire de fournir une éducation à la consommation pour éviter aux gens d’aller sur ce genre de site", explique Ingrid Poncin.
Un coût écologique lourd
Pour Daniel comme pour beaucoup d'autres consommateurs, les prix bas proposés sur une grande variété de produit sont à l'origine de son achat sur Wish. Cependant, ces produits vendus à prix d'or s'avèrent avoir un impact non-négligeable sur l'environnement.
Selon Jonas Moerman, eco-conseiller énergie pour l'ASBL Écoconso, les mastodontes du commerce en ligne poussent à la surconsommation: "Le problème de ces produits bon marché c’est que, comme ils sont de mauvaise qualité, ils deviennent un déchet en très peu de temps. Le cycle de vie du produit est alors fortement accéléré".
Des produits souvent "gadgets", qui finissent rapidement à la poubelle. Un problème d'autant plus grave que ces objets sont souvent composés de minerai rare ou de produits dangereux pour l'homme et l'environnement. "Il s’agit de produits qui ont nécessité l’utilisation de substances dangereuses ou de minerai rare, notamment pour tout ce qui est électronique, explique Jonas Mormann. Les problèmes de produits présents sur Wish vont de la fabrication à la livraison". La livraison est problématique en raison de la quantité de CO2 généré lors de l'acheminement des articles jusqu'au consommateur.
Faut-il pour autant bannir, comme en France, Wish des moteurs de recherche en Belgique ? Aucune mesure n'est pour le moment à l'ordre du jour au sein du Royaume. Nous avons malgré tout posé la question aux porte-paroles du MR, du PS, du CdH et d'Ecolo, afin de connaître leur positionnement sur cette question d'actualité.
L'avis du MR: "Nous nous en remettons aux autorités compétentes pour protéger le consommateur"
Salma Haouach porte-parole du MR: "Nous sommes libéraux et pour la libre concurrence. Dans le cas de Wish, nous nous en remettons à l'organisme compétent en la matière afin de protéger le consommateur au cas où celui-ci encourrait des risques au travers des produits qu'il achète. Nous ne pouvons pas nous positionner sur son interdiction ou son déréférencement en Belgique".
L'avis du PS : "Prendre des mesures très strictes vis-à-vis de tels sites marchands, pour mieux protéger le consommateur et éviter qu’ils achètent des produits contrefaits dangereux"
Edwine Bodart, porte-parole: "Pour le PS, il faut prendre des mesures très strictes vis-à-vis de tels sites marchands. Pourquoi ? Pour mieux protéger le consommateur et éviter qu’ils achètent des produits contrefaits dangereux. En vertu du droit belge, il est n'est pas possible d'enclencher une telle initiative sans en notifier au niveau européen. Il est donc primordial pour les consommateurs de prendre conscience des implications et des risques de leurs achats en ligne, et pour les institutions et autorités en charge de leur protection d’agir pour lutter contre l’achat de contrefaçon"
L'avis du CDH : il doit être possible d’interdire aux moteurs de recherche de référencer des sites de vente en ligne
Alain Raviart, porte-parole: "Pour le cdH, il doit être possible d’interdire aux moteurs de recherche de référencer des sites de vente en ligne, voire de les interdire purement et simplement quand, comme en l’espèce, 90 % des appareils électriques examinés par les autorités françaises sont qualifiés de dangereux. De manière générale, des sites qui vendent des produits qui ne correspondent aux critères de qualité et aux normes édictées par les autorités doivent pouvoir être sanctionnés comme tout autre commerce qui n’est pas situé dans le secteur virtuel"
Malgré nos sollicitations, le parti Ecolo n'a pas été en mesure de nous fournir de réponses.
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