Déconfiner, il n'en n'est pas encore vraiment question en Belgique. Le Premier ministre nous a démontré pourquoi à coups de graphiques et de modèles mathématiques ce lundi. Alexander De Croo était l'invité du RTL INFO 19H. Il a répondu aux différentes questions de Caroline Fontenoy.
Caroline Fontenoy: Cette conférence nous prépare-t-elle à l'absence d'assouplissements vendredi?
Alexander De Croo: "La conférence de presse avait comme objectif de donner de l'espace à nos scientifiques pour bien donner les faits. Je pense qu'on est dans une situation plus avantageuse que dans d'autres pays. Chez nous, les magasins sont ouverts, les coiffeurs sont ouverts... On a trouvé un modèle en Belgique dans lequel, il y a quand même beaucoup de choses qui sont possibles et des chiffres stables depuis novembre. Les scientifiques disent à présent que durant le mois de mars, on doit garder une grande vigilance, rester prudents, car l'impact des variants n'est pas encore clair. C'est un message. Restons prudents en mars. Cela ne veut pas dire que rien n'est possible durant ce mois de mars. Avec la vaccination, le déconfinement qui va plus loin n'est pas demain, mais on le voit à l'horizon, au mois d'avril, au mois de mai. Cela dépend de l'évolution qu'on verra dans les semaines qui viennent."
C.F.: Pourtant vous avez vu les milliers de Belges dehors ce week-end, qui ont besoin de revivre. Vous même, qu'avez-vous fait ce week-end?
A.D.C.: "Ce week-end, j'ai fait du vélo avec mon fils, je suis allé courir... Il y a plein de choses qu'on peut faire à l'extérieur. D'ailleurs, la grande majorité des Belges qu'on a vus dans les images ce week-end, étaient à l'extérieur avec leur famille. Ils l'ont fait en pleine sécurité. Sortir quand il fait beau ne veut pas dire que c'est dangereux. La bulle sociale à l'extérieur est-elle éclatée depuis longtemps? Ce sont des décisions qui seront évaluées durant la Comité de concertation. Ce que j'ai voulu faire aujourd'hui est de donner des faits."
C.F.: Lors de la conférence de presse, il s'agissait de projections hypothétiques. Pourquoi ne pas plutôt se baser sur du concret? Par exemple, vous avez rouvert les coiffeurs il y a 15 jours, vous pourriez en mesurer l’impact avant d’ouvrir d’autres secteurs? Est-ce que ce ne serait pas plus convaincant et plus parlant que ces graphiques?
A.D.C.: "C'est ce que le scientifiques font, ces modèles sont basés sur les comportements après la première vague et durant les mois passés. Si vous me donnez le choix... est-ce que dans une méthode de déconfinement, on va écouter les scientifiques, dont le métier est de faire ces observations, ou faire des choix basés sur des opinions, sur des sentiments... Je vais être très clair, si on veut être prudents, je vais écouter les scientifiques. J'espère qu'il n'y a pas beaucoup de gens qui doutent."
C.F.: Cela donne le sentiment que vous n'écoutez pas le mal-être des Belges... On a l'impression que c'est inaudible pour le gouvernement.
A.D.C.: "Je comprends et ce n'est clairement pas une situation facile. Cela dure longtemps et on en a tous assez. Mais si on compare notre situation avec celle d'autres pays, on voit que dans d'autres pays, les mesures sont beaucoup plus dures. De temps en temps, il faut prendre un peu de recul. Je sais qu'on demande des perspectives et pour la première fois, sur des bases scientifiques, on peut dire que durant le mois d'avril, on pourra faire des pas en avant qui seront significatifs. Pour le moment, quand on voit que la situation reste délicate, j'essaie d'écouter les scientifiques et de leur permettre de mettre tous les éléments sur la table. C'est un signe qu'on prend les gens au sérieux en donnant tous les faits pour que les gens puissent juger eux-mêmes."
C.F.: le variant est présent depuis fin décembre, or il n’y a pas eu d’augmentations inquiétantes des contaminations, des hospitalisations ou des décès. Dès lors, pourquoi ce délai supplémentaire ?
A.D.C.: "On voit que depuis quelques jours, le nombre d'hospitalisations augmente. On voit que les variants représentent entre 30 et 40% de tous les tests qu'on fait. Vous dites que le variant britannique est là depuis décembre... Oui, mais la question n'est pas de savoir depuis quand il est là, mais plutôt de savoir s'il se répand sur le territoire belge. Donnons nous 3 semaines pour voir les impacts sur les hospitalisations. Si l'impact est faible, nous pourrons faire des pas en avant."
C.F.: une chose sur laquelle vous allez certainement devoir céder, c’est l’interdiction de voyager? Il y a des recours au Conseil d’état, l’Europe elle-même réclame des comptes à la Belgique. Peut-on poursuivre cette interdiction qui n’a pas été débattue au Parlement ?
A.D.C.: "C'est une mesure temporaire pour éviter qu'on amène trop de mutations du virus. Nous ne sommes pas le seul pays à avoir pris une décision pareille. Il y aura un comité de concertation vendredi, et le gouvernement prendra des décisions."
Espoir pour le SECTEUR CULTUREL: la ministre propose une reprise à la mi-mars
Vos commentaires