(Belga) Après le Setca et plusieurs associations infirmières jeudi, la CNE (CSC) a à son tour exprimé, vendredi, son désaccord avec le texte voté en urgence à la Chambre, qui va permettre dans les prochains mois de déléguer des actes infirmiers à des personnes non qualifiées, de manière exceptionnelle et temporaire. C'est une "insulte" au personnel infirmier, s'insurge la CNE, qui regrette le manque de "balises" dans le texte approuvé jeudi.
Le texte n'a fait l'objet "d'aucune concertation avec les partenaires sociaux", pointe l'organisation syndicale. Il y a bien eu une réunion en urgence jeudi matin avec le cabinet du ministre de la Santé publique, mais les demandes syndicales n'ont pas été entendues, affirme-t-elle. La CNE pointe plusieurs éléments inquiétants, selon elle. Elle juge tout d'abord que la condition d'un manque de "nombre suffisant de personnes légalement qualifiées" pour les actes infirmiers est trop subjective. Elle craint donc que des "solutions de facilité" s'installent, que les hôpitaux fassent trop facilement appel à des personnes non qualifiées. Le texte passé jeudi stipule par ailleurs qu'un "infirmier coordinateur" de l'équipe de soins gère la répartition du travail et supervise l'activité des éventuels non-infirmiers auxquels il aurait confié des tâches. Cette supervision ne nécessite pas forcément que l'infirmier coordinateur soit présent sur place. Mais doit-il toujours être le même? Quel statut donner à cette supervision au niveau du temps de travail, par exemple?, s'interroge la CNE. Le texte reste finalement trop flou quant à la définition de ces tierces personnes qui pourraient venir palier un manque de personnel compétent sur place, estime la CNE. Cette dernière relaie les réactions de professionnels choqués par la décision et craint une vague de découragement dans les hôpitaux. "Nous sommes depuis mercredi soir assaillis de mails du style 'Donc, je dois faire 4 ans d'études uniquement pour pouvoir réaliser les 4 actes exclus des actes délégables!' ou encore 'c'est comme si on nous disait que notre diplôme ne valait rien'", explique l'organisation syndicale. Par défaut, celle-ci demande d'établir une liste précise des actes qui pourraient être délégués (plutôt qu'une brève liste d'actes "exclus" comme ce qui figure dans le texte approuvé), et de retirer en premier lieu toutes les tâches administratives et logistiques qui peuvent peser sur la charge de travail des infirmiers qualifiés. (Belga)
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