Les actions chez Skeyes, la société publique autonome chargée du contrôle aérien en Belgique, suscitent le ressentiment de nombreux voyageurs. Dans une lettre ouverte, des aiguilleurs du ciel soulignent que la pénurie de personnel dont ils se plaignent compromet en réalité la sécurité de tous.
"Un manque criant de personnel"
Certains d'entre eux ont donc décidé de s'adresser aux voyageurs pour leur exposer la situation dans laquelle ils effectuent leur métier. "Chers lecteurs, chers voyageurs, En tant que contrôleurs aériens de Skeyes, nous nous trouvons ces derniers temps, bien plus que nous ne le souhaitons, au coeur d'une tempête (médiatique). Nous estimons que vous avez le droit de connaître les raisons de notre recours aux actions actuelles. Contrairement aux explications qui vous sont souvent présentées, il ne s'agit ici aucunement de revendications financières, mais uniquement d'une demande de respect des lois et des règlements de travail, et ce dans un souci de garantie de votre sécurité. En effet, nous sommes confrontés depuis quelques années à un manque criant de personnel. Dans le centre de contrôle aérien CANAC, celui-ci s'élève même à 25% du cadre! Cette pénurie est la conséquence directe d'un manque flagrant de planification et de vision à long terme dans le chef de notre direction, ainsi qu'à une soif inextinguible d'économies", écrivent-ils.
"Des séries de plus de dix jours de travail consécutifs"
Les contrôleurs aériens mettent ensuite le nombre de travailleurs en parallèle avec la sécurité du trafic aérien. Ils indiquent qu'ils accumulent parfois dix journées de travail sans interruption. "Imaginez-vous les conséquences dans votre entreprise, département ou service si les mêmes tâches devaient être accomplies avec un quart de vos collègues en moins! Les dirigeants de Skeyes, que nous avertissions depuis des années du scénario catastrophe qui se préparait, continuent de nier la réalité, et cherchent leur salut dans le non-respect des lois et réglementations de travail. Dans l'attente des jugements dans les cinq procès intentés contre notre employeur, nous sommes continuellement confrontés à des séries de plus de dix jours de travail consécutifs, ce qui est contraire à toutes les recommandations internationales. La fatigue, la démotivation et même les problèmes de santé dûs à ce rythme de travail infernal ne font qu'augmenter, et ce au détriment de la sécurité. Nous réalisons la grande importance économique de notre secteur, et le rôle que nous y jouons, mais la sécurité est et restera toujours notre priorité. Jamais nous ne pourrions accepter que cette situation ait pour résultat un incident ou accident fatal".
"Nous espérons pouvoir compter sur votre compréhension"
Enfin, les aiguilleurs du ciel précisent que des solutions existent, mais accusent leur direction de fermer les yeux pour "de meilleurs résultats". "Une solution très simple est à portée de main, puisqu'elle est déjà appliquée dans d'autres centres de contôle aérien, qui ont à gérer les mêmes problèmes de manque de personnel. Malheureusement les dirigeants de Skeyes préfèrent se concentrer sur l'obtention des meilleurs résultats, et refusent de s'engager dans une voie où contrôleurs, compagnies aériennes et passagers seraient tous gagnants. Au vu des risques pour la sécurité qui sont pris par la direction de Skeyes, nous avons décidé de réagir en montrant le bon exemple. C'est pourquoi nos actions consistent à travailler avec des équipes réduites afin de continuer à garantir la continuité et la sécurité des opérations. Nous réalisons l'impact possible pour les voyageurs, mais nous espérons pouvoir compter sur votre compréhension dans ce combat pour notre sécurité à tous. Enfin, vendredi nous commémorerons nous aussi les attentats du 22 mars, un événement dramatique qui nous a tous affectés, comme le reste de la communauté aéronautique... Par respect pour les travailleurs de l'aéroport ainsi que pour les victimes et leurs familles, nous n'entreprendrons aucune action durant les cérémonies d'hommage. Nos pensées sont avec eux! Merci pour votre compréhension."
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