En Hesbaye, certains agriculteurs parlent, carrément d'une invasion. Des corneilles s'en prennent aux cultures. Une centaine d'hectares aurait déjà été décimés. Il faudrait pouvoir les chasser, mais c'est une espèce protégée. Et d'après les exploitants, les autorisations pour le faire sont très compliquées à obtenir.
À Liernu (Eghezée), vu d’en haut, les pertes sont encore plus manifestes. Décimée, cette parcelle de maïs est à nouveau dévorée par les corneilles. Depuis 4 ans, elles sont même de plus en plus nombreuses. Jules et désespéré.
"C’est un maïs qui est plus avancé qui est attaqué. Ils ont été chercher le grain de maïs qui collait à la racine", montre-t-il à nos journalistes. Un sixième de sa production est touché. Les dégâts se comptent en plusieurs en milliers d’euros. "On a les semences qu’on a payées. L’engrais qu’on a mis. L’entretien de la terre qu’on a fait pour la garder propre. Et le manque de production qu’on va devoir acheter à l’extérieur pour complémenter les bêtes. Donc c’est la catastrophe", déplore Jules.
Par endroits, les corneilles se comptent par centaines et envahissent l’exploitation agricole. Leur but ? Chaparder de l’aliment pour le bétail. "On espérait compter sur la réserve de l’année dernière, mais il y a déjà quelques tonnes qui vont pouvoir partir pour la nourriture de ces messieurs", déplore Jules.
En Wallonie, les corvidés sont des espèces protégées. Pour les tirer, il faut obtenir une dérogation individuelle du département nature et forêt. Mais avec plus de 6 mois d’attente, les autorisations tardent et découragent les chasseurs.
"Quitte à attaquer la Région parce qu’elle ne fait rien", met en garde Bernard Debouche, membre du Conseil cynégétique de la Dyle et de l'Orneau, et chasseur. "On sait que le DNF (Département de la Nature et des Forêts, Ndlr) dépend de la ministre de l’Environnement et donc il y a une espèce de protection à ce niveau-là qui fait qu’on n’a pas ces autorisations-là, regrette-t-il. C’est le but de ligue royale de la protection des oiseaux."
En Hesbaye, une trentaine d’agriculteurs sont concernés. Certains comme Jules comptent fonder un collectif et n’excluent pas d’introduire une action en justice.
"C’est plus possible, c’est vraiment grave de voir des dégâts comme ça à l’heure où la population risque d’avoir faim", s’indigne-t-il.
L’agriculteur en appelle à la ministre de l’Environnement. Car dans les prochaines années, sans un changement de réglementation, il craint une véritable invasion.
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