Quelque 4.000 personnes se sont rassemblées à Bruxelles dimanche pour réclamer un meilleur financement des soins de santé. Les manifestants se sont réunis, par bulles de 400, autour de la gare Centrale, sur le Mont des Arts et jusqu'au boulevard de l'Empereur. Pratiquement tous les acteurs de la santé publique étaient représentés: médecins, infirmiers, sages-femmes, mais aussi patients, kinésithérapeutes, travailleurs sociaux et pompiers.
Les manifestants demandaient un refinancement des soins de santé et la fin de ce qu'ils qualifient de "commercialisation des soins de santé". Ils exigent également davantage de personnel pour améliorer la qualité des soins et une augmentation des salaires pour toutes les professions du secteur.
Pierre Sasse, assistant en médecine générale et membre du collectif la santé en lutte qui a appelé à manifester ce dimanche, considère que les mêmes revendications du personnel soignant depuis 10 ans ne sont toujours pas entendues. Les propositions du gouvernement ne suffisent pas selon lui : "Il y a les 600 millions d'euros qui sont mis sur la table. C'est une des réponses mais elle est insuffisante pour plusieurs raisons. Elle joue sur les conditions de travail et sur les revalorisations salariales, deux thèmes très importants mais ce ne sont pas les seuls".
Les soignants n'avaient plus le temps d'aller aux toilettes
De nombreux membres du personnel soignant rudement mis à l'épreuve ces derniers mois estiment que l'épidémie de coronavirus a mis en lumière un manque d'effectif. La dotation proposée par le gouvernement "correspondra plus ou moins à une infirmière par service en plus", selon Pierre Sasse. "Le KCE (Centre fédéral d'Expertise des Soins de Santé, NDLR) préconise qu'on ait 1 infirmière pour 5 patients et la réalité en Belgique c'est 1 infirmière pour 9,5 patients" ajoute-t-il.
Un manque de personnel qui se répercute sur la qualité des soins apportés : "Dans la réalité, il y a des gens qui meurent par manque de personnel et c'est aux soignants de supporter la responsabilité de ces accidents terribles et qui sont évitables si on rajoute du personnel et qu'on donne des horaires de travail corrects et qu'on peut être plus avec les patients et répondre à leurs demandes".
Ce manque de personnel entraîne un lourd malaise selon Mouna Chouaten. Elle-même infirmière, elle constate les difficultés de pratiquer son métier au quotidien : "On travaille à flux tendu. Pendant la crise Covid, pour pouvoir combler le manque d'effectif, les gens ont travaillé beaucoup plus. Ça a engendré des horaires à n'en plus finir et une disparition des temps morts. Les soignants n'avaient plus le temps de manger, ni de boire, ni même d'aller aux toilettes", s'indigne-t-elle.
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