Ils sont jeunes, en bonne santé, et ne font pas parties des personnes prioritaires. Et pourtant, ils sont vaccinés ! Pourquoi ? Y a-t-il fraude ou entorse au règlement ? Explications.
Ils ne sont pas prioritaires, ne sont pas vieux, n'ont pas de comorbidités, n'exercent pas de profession critique et ne sont pas membres du personnel hospitalier. Et pourtant... ils sont vaccinés ! Impossible de dire combien de belges sont concernés puisque ces injections se passent souvent via une connaissance dans le milieu médical, par filon donc, grâce à une opportunité ou sur un coup de chance.
Des doses qui allaient finir à la poubelle
"J'ai 21 ans, je ne suis pas prioritaire pour la vaccination, je ne présente aucune comorbidité et pourtant le 3 mars dernier, je me suis faite vacciner de ma première dose d'AstraZeneca", explique Fanny, une étudiante Belge. Mais dans la pratique, comment a-t-elle fait ? L'un des membres de sa famille travaille dans un hôpital bruxellois, et ce jour-là, il reste trop de doses et Fanny est venu en profiter dans l'heure.
Si dans l'esprit collectif, les vaccinés non prioritaires "voleraient" la dose d'une personne prioritaire, c'est en réalité faux. Selon les témoignages recueillis par nos journalistes, ces doses allaient être jetées. Tous les médecins interviewés sont unanimes: mieux valait les utiliser.
Le témoignage de Fanny n'est donc pas isolé, beaucoup vont dans ce sens comme cette technicienne de surface vaccinée dans un commissariat par exemple, à nouveau parce que la dose aurait fini à la poubelle. Ces personnes, qui ne sont pas prévues pour la vaccination dans la phase actuelle, passent parfois avant d'autres qui sont pourtant prioritaires. Mais le phénomène est marginal et est surtout dû à des doses qui allaient être jetées.
"Ca m'est arrivé! On attendait quelqu'un qui devait venir se faire vacciner qui n'est finalement pas venu. Et à 16h on a cherché désespérément une personne dans la liste mais nous n'avons pas trouvé. On a fini par vacciner pour ne pas jeter la dose!", explique le médecin généraliste Lawrence Cuvelier. "Je pense qu'aucun soignant ne veut jeter de dose. Mais de circuit parallèle? Non vraiment pas", affirme le médecin.
Ces doses injectées aux personnes non-prioritaires sont minimes et ne forment pas un système de "passe-droit" généralisé
Dans une maison médicale bruxelloise, une forme légère de "court-circuit" de la procédure s'est produite. Mais pas de quoi affirmer qu'une fraude massive ou un passe-droit généralisé ait été mis en place. "C'est trop grave, ce serait quelque chose qui serait totalement immoral. On a pu faire la deuxième dose à un médecin ici dans la maison puisqu'elle habite en Wallonie mais n'avait pas reçu de convocation donc c'était quand même très important qu'elle soit protégée", continue Lawrence Cuvelier.
Pour Christophe Barbut, président du Collège de médecine générale, un système de "passe-droit" généralisé serait "choquant". "Ca me choquerait qu'on mette des gens par copinage... Par exemple si je fais passer mes enfants via mon dossier médical avant ou en même temps que des gens qui ont des facteurs de risque alors qu'eux n'en ont pas. Ce serait choquant oui", débute-t-il.
"Par contre, s'il y a des doses qui doivent absolument être injectées dans un délai très très court et qu'on a personne sous la main et qu'on se rappelle que la maman de notre assistante ou le petit copain asthmatique d'une accueillante sont éligibles, on va leur faire prendre un peu d'avance et ça, ça ne me choque pas. Il vaut mieux vacciner quelqu'un que vacciner une poubelle!", affirme Christophe Barbut.
A l'heure actuelle, aucune plainte n'est remontée jusqu'au Conseil de l'ordre des médecins. Son président, Benoît Dejemeppe, rappelle les règles auxquelles les docteurs doivent se plier: "Le médecin doit respecter les recommandations qui sont faites par les autorités et éviter de rompre le principe d'égalité".
Le groupe Pfizer vaccinera les membres de la famille de ses employés aux quatre coins de la planète : des doses supplémentaires seront commandées
Le groupe pharmaceutique Pfizer vaccinera directement les membres de la famille de ses employés dans le monde entier. Avec des doses supplémentaires par rapport à celles prévues et commandées par le gouvernement belge.
En Belgique, il s'agit du personnel du site de production de Puurs, dans la province d'Anvers. La famille inclut le conjoint, les parents et beaux-parents, les grands-parents et les enfants à partir de 16 ans du personnel dans son ensemble. Les personnes qui ont déjà un rendez-vous pour recevoir un vaccin par le biais de la procédure habituelle ne seront pas vaccinées plus tôt.
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