C'est l'un des effets de la tournée minérale, en ce début d'année, les boissons sans alcool sont de plus en plus présentes dans les supermarchés. Bière, vin, cidre et même gin 0% sont proposés. Mais comment ces boissons sont-elles produites?
Dans les rayons des grandes surfaces, les boissons sans alcool ont trouvé leur place mais difficile de trouver des clients convaincus par ces produits. "J'ai essayé une fois mais comment peut-on boire ça?", lance un client. "C'est intéressant pour ceux qui veulent boire un verre de vin et reprendre le volant après. C'est intéressant pour ça", ajoute un autre.
Le constat est le même dans un magasin spécialisé. "Parmi notre sélection de 2.000 références en vins et en alcool, ici nous avons ciblé 7,8 références en vins et en gins non alcoolisés", éclaire le gérant Pascal Thonon.
Si une demande s'est créé ces deux dernières années, elle reste tout de même faible selon ce gérant. "C'est minime. Sur des centaines de milliers que nous vendons ici, ça représente 0,1% des ventes", ajoute le gérant. Mais certains ont décidé de miser sur ce marché qui se développe doucement. A Courcelles par exemple, une usine opérationnelle depuis 6 mois est spécialisée dans la désalcoolisation. En seulement quelques minutes, une machine peut enlever entièrement l'alcool de n'importe quel type de boissons.
Un investissement de 7 millions d'euros
"On a un vin traditionnel qui passe ici à l'entrée. Il a un temps de séjour de 7 à 8 minutes et durant cette période, il va être légèrement chauffé mais pas trop. On arrive à extraire la totalité de l'alcool sans devoir le chauffer. 7,8 minutes plus tard, on a un vin totalement désalcoolisé qui en ressort. De l'autre côté, on a un alcool à 78°C valorisé vers des sociétés externes", détaille Olivier Meurens, administrateur délégué de Mis
Ce projet a nécessité un investissement de 7 millions d'euros. Le but ici avoir un produit le plus semblable à l'original. Pour cela, de longues heures de recherche sont nécessaires. "En fonction du type de produits, on va essayer de garder plus ou moins d'arômes et plus ou moins de sucre. Si c'est nécessaire, on ajoute du sucre. L'approche que l'on a ici est d'être le plus naturel possible", explique Thierry Cowez, ingénieur œnologue. "L'astuce est d'arriver à récupérer un maximum d'arômes, et rendre le vin le plus semblable à celui d'origine tout en enlevant 100% de l'alcool", souligne Olivier Meurens, administrateur délégué de Mis.
4 millions de bouteilles vendues en 2018
Un des cofondateurs de l'usine a également créé un vin sans alcool il y a 4 ans. En 2018, 4 millions de bouteilles ont été vendues, dont 40% à l'étranger. "Cela s'explique par le changement du consommateur et le fait qu'il y ait des droits d'accises peut être moindres au niveau du sans alcool, un taux de TVA plus favorable et puis finalement peut-être un bien-être du consommateur qui recherche de temps à autre des moments plus zen notamment lors de la tournée minérale du mois de février", Philippe Stassen, cofondateur de Mis et directeur général de Néobulles.
Si pour l'instant, l'usine en est à ses débuts, elle peut désalcooliser jusqu'à 3.000 litres de vin à l'heure. Tout est donc prêt pour traiter de gros volumes à l'avenir.
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