Les agriculteurs souffrent de la sécheresse et les quelques averses attendues aujourd'hui ne sauveront probablement pas leurs cultures. Alors pour s'en sortir un petit pourcentage d'entre eux se tournent vers l'irrigation avec l'eau pompée dans les nappes phréatiques. Une solution plus coûteuse, mais qui pourrait bien se développer dans les prochaines années.
"Ils sont déjà en train de tourner de l'œil, on les voit complètement couchés. Ils sont comme nous, ils ont soif", déplore Cédric, un agriculteur de Boneffe, en région namuroise. Ses poireaux ont en effet soif. Et vu la sécheresse, certaines de ces plantations réparties sur 300 hectares ne parviennent pas à germer. "Quand on gratte avec le pied, dès qu'on a fait trois ou quatre centimètres, on arrive avec de l’humidité. Donc si on avait une semence qui était ici, dans l’humidité, inévitablement, elle germerait. Mais malheureusement, les petites semences, on les sème plus haut donc on les sème dans le sec, plus en surface. Et là, malheureusement, il n’y a pas d’eau. Donc il faut d’abord la faire germer sous la surface et puis elle ira d’elle-même chercher l’eau en profondeur", développe l’agriculteur.
Cette situation se répète presque tous les ans. Cet agriculteur a donc décidé d'investir dans une machine qui irrigue ses sols en pompant de l'eau d'une nappe phréatique située à 30 mètres de profondeur. Sur les bouches situées tous les 80 mètres, Cédric vient brancher son tuyau : "Pour ouvrir, c’est tout simple : on tourne et voilà, le tuyau se remplit et la pression est dedans. Si on a besoin d’eau pour arroser, on déroule l’enrouleur avec un tracteur", dit-il.
Cela coûte de l’argent, plus de 150.000 euros pour l’installation. Mais vu la sécheresse actuelle, il ne le regrette pas. "Si on sème un champ et qu’on ne récolte rien, ce n’est pas gagner de l’argent, mais perdre de l’argent qu’on fait. Donc, à un moment donné, il faut faire le calcul pour savoir si on est d’accord d’investir pour essayer de gagner de l’argent. Il faut faire le calcul sur 10 ans, 15 ans, 20 ans… Et on verra au bout des 20 ans, mais je pense que c’est un pari qui est gagnant pour moi aujourd’hui", développe l’agriculteur.
Mais ce pompage d'eau par les agriculteurs ne risque-t-il pas de mettre à mal les nappes phréatiques ? "On sait qu’en termes de volume de prélèvements, l'agriculture représente moins de 0,9% des prélèvements dans les masses d'eau souterraine. Le niveau est récupéré, la recharge hivernale se fait correctement donc la situation n'est pas à risque par rapport à la réserve en eau qu'on a dans nos sols", assure Céleste Quaghebeur, spécialiste en irrigation à la Fédération wallonne de l’Agriculture (FWA).
Étant donné le réchauffement climatique, cette solution pourrait d'ailleurs être adoptée par de plus en plus d'agriculteurs.
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