Certaines communes forestières, comme Libin, continuent de pratiquer l’affouage et réservent donc du bois de chauffage à leur population à un prix qui défie toutes concurrences. Et la demande a encore augmenté vu la crise énergétique.
La commune de Libin pratique toujours l’affouage: un droit très ancien qui permet aux habitants qui en font la demande de bénéficier de bois de chauffage à très bas prix, pour peu qu’ils le transforment eux-mêmes.
L’affouage, c’est une pratique qui remonte au Moyen Âge. A cette époque, le seigneur des lieux octroyait aux villageois le droit de collecter du bois de chauffage dans ses forêts. Un droit et une pratique qui perdurent dans quelques communes forestières, aujourd’hui encore, comme Saint-Hubert et Libin.
Chaque année, Libin, dont le territoire est pour 70 % recouvert de bois, réserve donc une partie de ses bois abattus à ses habitants. Ceux-ci doivent en faire la demande pour le premier janvier et reçoivent leurs lots de bois en cours d’année. Le prix est dérisoire : 50 euros pour 10 stères de bois, alors qu’aujourd’hui, le prix de vente avoisine les 70 euros le stère coupé et livré, soit près de 15 fois moins cher via l’affouage.
Du bois bon marché mais pas vraiment prêt à l'emploi
Du bois qui n’est, ceci dit, pas coupé et livré devant la porte. Les habitants doivent se relever les manches pour aller le chercher et le débiter en forêt. Quand les affouagers arrivent sur la parcelle concernée, l’arbre est déjà coupé, et les houppiers, la partie haute de l’arbre (la moins noble) leur sont réservés via un marquage spécifique réalisé par les agents du DNF, le Département de la Nature et des Forêts. Il faut donc être équipé et disposer de temps pour le débiter en forêt, le ramener à la maison puis le faire sécher, le couper avant de le brûler.
"Financièrement, c’est intéressant mais ce n’est pas de tout repos, c’est quand même physique", résume Philippe, un des habitants qui a déjà pu obtenir sa part d’affouage.
Libin compte près de 2200 ménages. Et cette année, plus de la moitié (1300) d’entre eux ont fait la demande et se sont inscrits pour obtenir leur part d’affouage. La crise énergétique a clairement poussé les citoyens vers cette pratique, quitte à se donner du mal pour avoir du bois et se chauffer.
Depuis le début de cette année à Libin, seuls 150 lots ont déjà été distribués aux ménages, vu la demande nettement supérieure aux stocks de bois disponibles, et le fait que certains exploitants n’ont pas encore coupé les arbres dont les houppiers sont destinés à l’affouage. Certains foyers s’impatientent donc.
À l’heure de l’envolée des prix des combustibles, y compris du bois, beaucoup se mettent à rêver que leur commune pratique ou revienne à son tour l’affouage.
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