L'euthanasie est de retour dans les titres de l'actualité. Les juges de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) ont décidé aujourd'hui qu'on pouvait "débrancher" le Français Vincent Lambert, plongé dans un coma artificiel depuis 2008, suite à un accident de voiture. La cour a validé l'arrêt des soins et estimé que sa mise en oeuvre ne violerait pas le droit à la vie du tétraplégique.
Pour rappel, en 2011, après une série de tests menée en Belgique, des médecins avaient conclu que Vincent Lambert se trouvait dans un état de "conscience minimal" sans espoir d'amélioration. En 2013, sa femme Rachel et les médecins de l'hôpital de Reims souhaitent procéder à une euthanasie. Mais les parents du patient, catholiques traditionalistes, s'y opposaient. S'engage alors un long affrontement judiciaire dont l'ultime étape s'est jouée ce vendredi 5 juin.
En marge de ce fait, le média Huffington Post s'est intéressé non pas à l'euthanasié mais à celui ou celle qui la pratiquait. Il rapporte le témoignage du docteur belge Yves de Locht publié dans un livre, Je vous tiendrai la main : euthanasie, travaux pratiques écrit par Paulina Dalmayer.
Yves De Locht procède à des euthanasies depuis plus de dix ans. L'acte n'en est en rien devenu banal pour autant. "Je ne connais aucun médecin pour qui l'euthanasie est une pratique banale. Peu importe le nombre d'euthanasies qu'il a pu pratiquer. Pendant l'acte il y a une émotion très forte parce qu'il s'agit toujours, c'est le cas pour moi, d'un patient qu'on suit depuis longtemps, qu'on connaît bien. Il y a de la tristesse et aussi comme une sorte de sérénité qui se libère."
Concrètement, tout va très vite. "Du point de vue technique, le geste ressemble à une anesthésie. En quelques secondes, la personne s'endort profondément sans aucune souffrance, puis cesse de respirer, et meurt", raconte le docteur. S'il va vite, cet acte qui reste une mise à mort laisse des traces dont on ne se remet pas dans l'heure qui suit. "Je me sens toujours accablé après une euthanasie tout en me disant que j'ai accompli quelque chose de bon, malgré tout. Je ne reprends jamais le travail tout de suite. Je m'arrête pendant quelques jours, je pars à la mer, je parle de ce que j'éprouve avec mon épouse, mes amis. C'est une sorte de rituel. Je garde en mémoire les visages de toutes les personnes que j'ai euthanasiées. Non pas que ces visages me hantent, loin de là. Je ne me sens aucunement coupable ni assassin. Mais j'ai partagé avec ces personnes une émotion extrême... Ça reste", explique Yves de Locht.
Vous pouvez découvrir ci-dessous, en vidéo, un témoignage plus long du docteur Yves de Locht sur sa pratique.
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