Cela fait un peu plus de cinq mois que des inondations sans précédent ont touché notre pays. Depuis, une commission d'enquête parlementaire a été mise sur pied. Les députés wallons tentent de détailler le déroulement précis des événements. Pourtant, plusieurs questions restent en suspens. Nous avons interrogé bourgmestres, experts et habitants.
Face aux commissaires, les météorologues, bourgmestre ou fonctionnaires témoignent. "En aucun cas je ne me prononcerai sur une faute", déclare Etienne Willame, directeur général du Service public de Wallonie et Infrastructures, lors d'une audition.
Minute par minute, les personnes interrogées en commission revivent la montée des eaux, parfois avec émotion. En témoigne l'audition de la bourgmestre d'Esneux, Laura Iker. "La détresse a été constante tout au long de la journée. Tant au sein de la population, qui appelait en continu pour avoir… (ndlr: la bourgmestre s'arrêter quelques secondes, sa voix s'enroue) pour obtenir de l'aide, que dans notre chef", déclare-t-elle.
Sans doute il y a peut-être eu une erreur par-ci par-là
Les 14 et 15 juillet derniers, commune par commune, les décès s'égrènent: huit à Verviers, sept à Pepinster… Le bilan officiel: 39 personnes périssent, dont 24 dans la vallée de la Vesdre. "Je crois qu'il faut quand même se rendre compte, comme le Kentucky l'a vécu ces derniers jours, qu'il y a des forces qui arrivent, des cas de force majeure extrême. Et que sans doute il y a peut-être eu une erreur par-ci par-là, à tel niveau de pouvoir ou à tel autres", indique à notre micro Hervé Jamar, gouverneur de la province de Liège.
Le barrage d'Eupen au centre des critiques
Après le drame, le barrage d'Eupen est pointé du doigt. Dans la vallée, à plusieurs endroits, des centaines de victimes ressentent les effets d'une à deux vagues. "Ce n'est pas les déchets qu'il faut regarder, c'est les responsables des barrages. Ils vont ramasser des milliers et des milliers de pétitions", nous confie un sinistré le 23 juillet.
Un phénomène de vague décrit par des victimes
Car pour certains, en amont les eaux auraient été relâchées en masse. "Cette question de vagues a été rapportée par des personnes qui habitent aussi sur la vallée de la Hoëgne, voire même du côté de Rochefort sur le long de la Wamme, ou de la Lomme. Donc on est là sur des rivières qui sont pas du tout régulées, même en partie, par un barrage réservoir", précise toutefois Thibaut Mouselard, inspecteur général du Service public de Wallonie dans le secteur mobilité, interrogé par nos soins.
Rivière en aval plus rapidement saturée, bâtiment ou mur de déchets qui cède sous la pression: plusieurs hypothèses sont avancées, mais jamais confirmées. "Ces phénomènes de vagues, on n'a pas d'info qui permette de reconstituer précisément leur provenance", nous explique Thomas Michaud, chef de projet dans un bureau d'étude suisse.
Comme de Limbourg: 40% de sinistrés mais aucun décès
La commune de Limbourg n'a pas connu de décès, et pourtant plus de 40% de ses citoyens sont sinistrés. La bourgmestre comme ses habitants attendent des réponses. "C'est quelque chose que la commission d'enquête devra faire, c'est pouvoir donner des réponses concrètes aux citoyens pour qu'on puisse à un moment donné se projeter dans le futur de manière sereine et reposée", réagit aujourd'hui Valérie Dejardin.
Le stress à chaque orage
Car il reste encore beaucoup de craintes. Ressentir le stress monter à chaque orage, s'affoler dès les premières gouttes: certains habitants sinistrés aimeraient eux aussi se faire entendre. "Là on se trouve dans la rue où justement il y a une personne qui est décédée cette nuit-là. Pour nous qui passons tous les jours devant chez elle, les mêmes questions reviennent. On peut pas continuer à vivre comme ça", nous dit maria Alonso, une habitante sinistrée de Verviers.
Depuis trois mois, tous les vendredis, l'enquête continue. Les audiences sont prolongées jusqu'au 28 février. Les conclusions sont attendues d'ici la fin 2022.
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