Facebook, propriétaire d'Instagram, a admis qu'il devait en faire plus dans la prévention contre l'automutilation ou le suicide. L'entreprise va désormais interdire et retirer les "images violemment explicites d'automutilation, comme les coupures" infligées à soi-même. Une décision qui fait écho au témoignage d'une mère que nous avions recueilli il y a quelques semaines.
À la mi-janvier, RTL INFO relayait le témoignait de Marie, une mère bruxelloise découvrant avec horreur que sa fille de 13 ans s'automutilait en consultant son compte Instagram (lire l'article). À cette occasion, nos journaliste Julie Duynstee et Vincent Jamoulle avaient également recueilli le témoignage de Noémie, une Liégeoise de 19 ans qui s'était scarifiée (voir vidéo ci-dessus).
"Affolée" par le fait que des personnes fragiles puissent être influencées par certains profils sur Instagram, Marie, la maman bruxelloise en avait signalé une dizaine à Facebook, qui détient Instagram. "Ma surprise fut que même avec des photos sanglantes, on m’a répondu pour tous les profils qu’il n’y avait aucune infraction aux règles communautaire d’Instagram", indiquait la Bruxelloise, scandalisée.
Nous avons relevé que, concernant les questions d'automutilation et de suicide, nous ne sommes pas au point
Facebook affirmait supprimer "tout contenu qui encourage ou favorise l’automutilation ou le suicide, y compris les représentations en temps réel". Mais la société ajoutait vouloir "faire de Facebook un espace où les gens peuvent partager leur expérience, sensibiliser les autres utilisateurs sur ces fléaux et se soutenir mutuellement". "Par conséquent, nous autorisons les utilisateurs à partager des informations et de discuter du suicide et de l’automutilation." Restait donc à savoir comment la société parvient à déceler les motivations réelles derrière ces publications.
Les images explicites supprimées, les cicatrices préservées
Facebook a donc mis fin aux ambigüités et a décidé de bannir les photos montrant des blessures infligées à soi-même, pour aider à lutter contre l'automutilation et le suicide, a annoncé jeudi la plateforme de photos.
Très récemment, "nous avons relevé que, concernant les questions d'automutilation et de suicide, nous ne sommes pas au point et que nous devrions en faire davantage afin d'assurer la sécurité des utilisateurs d'Instagram", a indiqué cette dernière dans un texte publié sur son blog officiel.
Le site, qui interdisait déjà toute publication encourageant ou promouvant suicide ou automutilation, va désormais aussi interdire et retirer les "images violemment explicites d'automutilation, comme les coupures" infligées à soi-même.
Quant aux photos moins directement dures mais liées à l'automutilation --comme des cicatrices par exemple--, elles n'apparaîtront pas dans les résultats de recherche et ne seront pas recommandées par les algorithmes d'Instagram, qui dit travailler avec des experts en santé mentale.
Ce type de contenu moins directement explicite ne sera "pas complètement supprimé car nous ne voulons pas stigmatiser ou isoler des gens pouvant être dans la détresse et publiant des contenus liés à des actes d'automutilation pour appeler à l'aide", ajoute la filiale de Facebook.
Comme sa maison-mère, Instagram mais aussi Twitter ou Google tentent en permanence de limiter les contenus problématiques sur leurs plateformes tout en cherchant à éviter toute accusation de censure.
La plateforme de partage de photos, qui revendique plus d'un milliard d'usagers dans le monde, réfléchit aussi à d'autres mesures, comme le floutage de certaines images de façon à ce qu'elles ne soient pas immédiatement visibles.
Un suicide à l'origine de la décision ?
Selon la BBC, cette décision intervient après que le père d'une jeune Britannique de 14 ans qui s'est suicidée en 2017 eut accusé Instagram d'avoir sa part de responsabilité dans le drame. Elle avait selon son père consulté beaucoup de contenus liés au suicide ou à l'automutilation.
Née comme simple plateforme de partage de photos, Instagram a été rachetée par Facebook en 2012 et est devenue au fil du temps un réseau social à part entière où les usagers dialoguent via les commentaires placés sous les photos.
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