La Défense a entamé une procédure de suppression d'emploi à l'encontre de Jürgen Conings, a indiqué mercredi la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, en commission de la Chambre. Le militaire armé en fuite et activement recherché depuis le 17 mai est déclaré officiellement absent depuis le 19 mai et son salaire n'est plus payé à compter de cette date.
La ministre n'a pas donné de détail sur les enquêtes du Comité R et de l'Inspection générale de la Défense toujours en cours. Un rappel inattendu de la fonction exercée précédemment par l'Inspecteur général, Peter Devogelaere, est venu du député Denis Ducarme (MR). Le général-major a été chef de cabinet des prédécesseurs de Mme Dedonder, Didier Reynders et Philippe Goffin, tous deux MR. "Je ne veux pas que quiconque projette la moindre ombre sur l'enquête produite. (M. Devogelaere) va mener une enquête sur une période où il était aux côtés des ministres responsables", a fait remarquer M. Ducarme.
Le Service Général du Renseignement et de la Sécurité (SGRS) est pointé du doigt dans ce dossier. La semaine passée, le Chef de la Défense (CHOD) lui-même a reconnu des problèmes importants au sein du service. Pour bon nombre de députés, des dysfonctionnements affectent le fonctionnement du renseignement militaire. C'est plus particulièrement la façon dont Jürgen Conings a été suivi qui interpelle alors que l'OCAM l'avait classé au niveau 3 de menace. Ni la ministre, ni même le chef du SGRS, le général Philippe Boucké, n'étaient au courant de cette information et, malgré ce classement, le militaire avait encore accès à un dépôt d'armes.
La ministre a confirmé mercredi que le chef du SGRS n'avait pas accès à la banque de données de l'OCAM et l'information sur Jürgen Conings ne lui est pas parvenue par les procédures internes de communication. M. Boucké reçoit toutefois un résumé des opérations. Une réunion du SGRS avec le cabinet de la ministre a lieu chaque semaine mais là encore l'information sur le caporal-chef n'a pas été communiquée. La ministre reçoit quant à elle un aperçu mensuel. "Je confirme le manque chronique de personnel au SGRS", a souligné la ministre.
Pour parer au plus pressé, le CHOD a lancé un appel interne pour renforcer le service de 81 personnes mais il s'agit d'un déplacement interne à la Défense et non "une solution structurelle", a t elle ajouté. Le ton est monté entre le PS et le Vlaams Belang. Il est apparu mardi que Jürgen Conings a été membre du parti d'extrême-droite l'an passé, ce qu'a rappelé le député socialiste Christophe Lacroix en s'adressant au VB. Le parti flamand s'inquiétait de la répartition entre francophones et néerlandophones des 12 militaires qui font aujourd'hui l'objet de mesures préventives en raison de leurs sympathies pour des mouvements extrémistes violents.
"Comme s'il y avait une volonté dans le chef du SGRS de classer la dangerosité des personnes en fonction de la langue qu'ils parlent. Où cela va-t-il s'arrêter?", a lancé M. Lacroix. Et d'ajouter: "La responsabilité politique est avant tout dans le chef du Vlaams Belang et de son président. Et si une démission doit avoir lieu, c'est celle de son président".
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