Les policiers disposent de quelque 57 à 78 primes différentes qui peuvent augmenter leur salaire de base. Une situation qui existe depuis de nombreuses années, mais à laquelle un député N-VA s'est intéressé de près cette semaine. Pour les syndicats, il s'agit d'un mauvais procès qui est fait aux policiers, dont le salaire n'a plus été augmenté depuis de nombreuses années : parler de ces primes laisse entendre le contraire.
Les quelque 40.000 policiers belges ont vu leur salaire augmenter en moyenne de 27% l'année passée grâce à plusieurs primes, ressort-il d'une réponse du ministre de l'Intérieur Jan Jambon (N-VA) à une question parlementaire du député fédéral Koenraad Degroote (N-VA), rapportent L'Echo et De Tijd ce jeudi.
Les inspecteurs de la police locale, qui représentent près de la moitié des policiers du pays, ont vu leur salaire de base bondir de 32%. Au total, il existe 57 primes au sein de la police locale et 78 pour la police fédérale. Il est ainsi question de primes "formateur", "tâches d'enseignement en dehors du service", "bilinguisme exigé", "diplômé" ou simplement "atteignable". Ces primes coûtent 414 millions d'euros par an.
"Imbécile et inacceptable"
Le syndicat SLFP Police juge cette sortie dans la presse du député fédéral N-VA "imbécile et inacceptable". La semaine passée, les syndicats policiers avaient minimisé les primes et exigé des revalorisations salariales. "Les chiffres sont ce qu'ils sont. Nous devons tenir compte de ces primes qui constituent une part importante de la fiche de paye des policiers", a commenté jeudi M. Degroote, en appelant à un débat sérieux sur le sens de certaines de ces primes.
Pour le SLFP, le député N-VA commet tout d'abord une erreur de principe. Il "réfute une vérité en ajoutant un élément à la comparaison qui fait qu'il compare des pommes et des poires: on ne peut pas comparer le revenu poche d'un policier qui risque sa vie dans la rue avec le revenu poche d'un fonctionnaire des Finances qui ne sort pas de son bureau à Steenokkerzeel". Par ailleurs, il commet une "erreur méthodologique". "S'il est vrai que notre système pécuniaire est composé d'une soixantaine d'allocations et d'indemnités, toutes ne sont pas cumulables et tous les policiers n'y ont pas accès", souligne le syndicat, qui ajoute que cette sortie dans la presse constitue d'un point de vue psychologique "une gifle au visage de tous les policiers".
"Pas une augmentation de 32%"
Les syndicats policiers réclament une revalorisation salariale pour leur fonction, dont le salaire n'a plus évolué depuis de nombreuses années. Ces primes sont l'équivalent de ce que sont des primes de vente ou des primes de rendement dans d'autres fonctions. Elles ne sont donc pas garanties pour tous les policiers. Et parler d'augmentation de salaire en 2015 grâce à ces primes est faux, puisqu'elles n'ont pas été introduites l'année dernier. "Mon épouse et moi sommes très étonnés voire choqués par ce que Monsieur Jambon a déclaré sur les salaires de la police locale", explique un internaute via notre bouton orange Alertez-nous. "Mon épouse est policière et nous avons beau regarder ses fiches salariales, nous ne retrouvons pas l'augmentation moyenne de 32% annoncée. Au contraire, l'heure est plutôt aux économies de bouts de chandelle. Si la masse salariale des policiers avait réellement augmenté de 30% à personnel équivalent, Monsieur Jambon aurait un réel problème de gestion et de plus ne serait pas aligné non plus avec le gel des salaires imposé par son gouvernement... Cela donne à nouveau une mauvaise image du métier de policier qui est loin d'être facile surtout en cette période."
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