En six ans, les maisons de retraite ont augmenté leur prix de près de 20%. La facture moyenne s'élève aujourd'hui à près de 1.500 euros par mois. Un coût que trois seniors sur quatre ne sont pas en mesure d'assumer.
Les mutualités socialistes Solidaris ont mené une étude pour établir un état des lieux des prix des maisons de repos en Belgique, annonce-t-elle dans un communiqué vendredi. Elle s'est basée sur quelque 2.500 notes de frais individuelles de ses affiliés durant le premier semestre de 2014. Les résultats interpellent: environ 75% des personnes âgées ne reçoivent pas une pension suffisante pour assumer le coût mensuel de leur séjour en maison de repos. En ajoutant les autres revenus disponibles des personnes âgées, telles que des prestations sociales ou des biens locatifs, la moitié des personnes âgées de 80 ans ou plus ne disposent toujours pas de revenus suffisants. "Je n'ai pas assez, on a vendu ma maison", a confié une pensionnaire de maison de repos au micro de Benjamin Brone pour RTLinfo 13h.
Trois quarts des résidents sont des femmes
Solidaris indique que 16% des personnes âgées de 65 ans et plus vivent sous le seuil de pauvreté et que 63% bénéficient de l'intervention majorée et sont donc socio-économiquement fragilisés. Trois quarts des résidents sont des femmes, dont la pension moyenne est de 776 euros. Dans leur étude, les mutualités socialistes ont comparé les revenus disponibles des pensionnaires par rapport au coût moyen de l'hébergement en maison de repos, qui est de 1.487 euros. Elle constate que la moitié des personnes âgées de 80 ans et plus n'a pas les revenus nécessaires. Avec un revenu total disponible de 1.307 euros par mois, il leur manquerait environ 180 euros par mois pour accéder à ce service.
La disparité du montant entre les régions
Pour les 5% des résidents ayant les revenus les plus faibles, la différence atteint 514 euros par mois. L'enquête des mutualités Solidaris relève aussi la disparité du montant des factures moyennes entre les régions (1.488 euros en Flandre, 1.356 euros à Bruxelles et 1.236 euros en Wallonie), voire au sein même des régions. A Anvers, le prix moyen s'élève par exemple à 1.638 euros contre 1.156 dans la province du Hainaut.
Le prix de base du logement représente 93% de la facture
Le secteur public est le moins cher (1.333 euros), révèle encore l'étude. Viennent ensuite les secteurs privé (1.350) et associatif (1.450). Enfin, la chambre individuelle est la plus chère, ce qui n'a rien d'étonnant: 1.422 euros contre 1.122 euros en chambre commune. Le prix de base du logement représente 93% de la facture. Des coûts annexes peuvent s'y ajouter. Ils représentent en moyenne 108 euros par mois mais peuvent monter jusqu'à 400 euros. Ce sont surtout des frais liés à la (para)pharmacie et à des services supplémentaires comme de la pédicure ou un passage chez le coiffeur. Cependant, l'enquête note que les détails de ces coûts ne sont pas clairs dans la facture finale.
Les frais indispensables à la vie quotidienne.
Les mutualités socialistes émettent finalement des recommandations pour faire face au vieillissement de la population. Parmi celles-ci, Solidaris demande qu'un outil de monitoring du prix de l'hébergement soit créé. Elle appelle également à un meilleur encadrement des prix, dont la base devrait couvrir obligatoirement tous les frais indispensables à la vie quotidienne.
Quelque 120.000 Belges résident en maison de repos, selon les chiffres de Solidaris: 42.000 en Wallonie et 12.000 à Bruxelles. Cela représente six pour cent des 65 ans et plus et 2,6% de la population totale. La moyenne d'âge des résidents est de 84 ans.
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