Dès 2027, tous les élèves francophones suivront le même programme scolaire jusqu’en 3ème secondaire. En 2ème et 3ème, ils auront donc 2 heures de latin obligatoire. Ces 2 heures de latin font en sorte qu’il y aura moins de cours de français.
Ne valait-il pas mieux garder le français ? La connaissance du latin permet-elle vraiment de mieux comprendre le français ? Pourquoi ne pas proposer d’autres options que le latin ? (Néerlandais, codage, éducation civique,...)
Invitée sur le plateau de l'émission "C'est pas tous les jours dimanche", Marie-Martine Schyns (cdH) Ministre de l'Enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, est venue expliquer pourquoi le latin allait être imposé.
"Dans le cadre de tout le parcours des élèves, qui a été revu depuis les maternelles, on a imaginé d’ouvrir le tronc commun avec de nouvelles compétences. Parmi celles-ci, il y a des compétences numériques ou polytechniques et il y a aussi le latin à partir de la 2e secondaire. Il sera intégré à un groupe de cours qui contient aussi le français. L’idée est d’amener le latin pour que l’élève puisse découvrir le fonctionnement d’une autre langue. Avec la particularité syntaxique du latin, l’idée est de permettre à l’élève de mieux prendre conscience des enjeux grammaticaux de sa propre langue et des autres langues", a-t-elle précisé. "Je tiens aussi à souligner que les langues modernes arrivent plus tôt dans ce parcours (à partir de la 3e primaire).
"Utile pour l’apprentissage d’autres langues"
Le latin va être combiné au français (6h de français en 1ère secondaire mais plus que 4h en 2e et en 3e). "Pourquoi diminuer le nombre d’heures de français ?" a demandé Christophe Deborsu.
"L’objectif voulu par l’ensemble des acteurs qui ont travaillé pour ce pacte est de faire en sorte que le jeune découvre énormément de choses durant le parcours commun dont le latin. Il est très utile pour l’apprentissage d’autres langues", estime Marie-Martine Schyns.
"Cela fait bien longtemps qu’on n’enseigne plus le cours de latin pour le latin mais parce que c’est un cours de formation générale. Cela peut servir pour le français", a ajouté Paul Pietquin, professeur de didactique spéciale des langues anciennes (à l'ULiège et UNamur). "Si cela ne tenait qu’à moi, on pourrait commencer le latin dès la 6e primaire. Il peut aussi aider à penser avec justesse."
"Le français et les mathématiques, ce n’est pas un luxe"
Tout le monde n’est pas convaincu par ce latin obligatoire en 2e et en 3e secondaire. C'est le cas du député bruxelles Gaëtan Van Goidsenhoven (MR). "Le latin doit être enseigné correctement. Il est logique que ce parcours pédagogique en latin puisse exister mais alors il faut qu’il ait un certain niveau pour que les élèves qui le choisissent soient clairement motivés. Ce sera ici du latin light. Certains ne comprendront pas ce qu’ils viennent faire là et les personnes motivées seront peut-être découragées", indique-t-il. "L’apprentissage du français et des mathématiques, ce n’est pas un luxe. Or, dans la future grille horaire, on voit leur nombre d’heures diminuer. De notre point de vue, on va passer à côté de l’objectif principal. (...) Le latin est une perte de temps."
"Comment pourra-t-on encore communiquer entre nous ?"
Une langue moderne 1 (au choix) sera par ailleurs enseignée dès la 3e primaire en Wallonie et une langue moderne 2 à partir de la 2e secondaire. Mais on ne précise jamais quelles sont ces langues. "On pourrait imaginer qu’un élève sorte d’humanité sans avoir eu une seule heure de néerlandais, la première langue de ce pays ?", s'interroge Christophe Deborsu.
"On a effectivement choisi de laisser la possibilité aux parents et aux élèves de choisir la 2e langue de l’élève. Il se fait que les acteurs aujourd’hui se sont accordés sur le fait de laisser le libre choix. C’est le souhait de beaucoup d’écoles", a déclaré Marie-Martine Schyns.
Sammy Mahdi, président des Jeunes CD&V ne comprend pas ce point de vue. "A l’école, il y a un nombre d’heures limitées et il faut faire des choix. En Flandre, on a 4 à 5h de français obligatoires en 1ère et 2e secondaires. Cela peut même monter à 7h", explique-t-il. "Le futur de notre pays se joue. Si on n’apprend pas la langue de l’autre côté linguistique, comment peut-on rassembler les gens et encore communiquer entre nous ?"
En Flandre, il y a de plus en plus de réactions qui visent à comprendre pourquoi le latin est obligatoire et pas le néerlandais. "Le néerlandais est obligatoire à Bruxelles. Je pense qu’aujourd’hui, c’était le choix des acteurs de l’enseignement. Les jeunes savent que dans beaucoup de zones, le néerlandais est important mais il faut reconnaître que nous baignons dans la culture anglophone. Ces jeunes se disent que l’anglais est peut-être un peu plus simple", a conclu Marie-Martine Schyns.
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