Jean-Christophe Goffard, chef de service de médecine interne à l’hôpital Erasme, était l'invité de Fabrice Grosfilley ce vendredi matin sur Bel RTL. Le médecin a évoqué le variant Omicron et son impact dans notre pays.
Au niveau des contaminations du variant Omicron, ça va être une déferlante ?
Il va y avoir une augmentation majeure du nombre de cas. Il faudra voir comment elle se traduit dans la vie de tous les jours au sein de l’hôpital évidemment.
Ceux qui nous annoncent des courbes quasiment à la verticale ne se sont pas trompés ?
Non, nous serons dans une augmentation exponentielle, ça va totalement exploser. Les problèmes qui s’en suivent seront avant tout bénins comme dans la majorité des cas d’infections à coronavirus, mais nous seront amenés à ne plus pouvoir travailler, car nous serons en quarantaine, et ça peut être problématique pour le fonctionnement d’une société.
Ça veut dire qu’il va y avoir une désorganisation de notre société ?
L’organisation est déjà compliquée à l’heure actuelle dans certains secteurs. Vous avez vu des avions qui ont été reportés ou annulés, ou des trains qui ne pouvaient plus rouler. On risque d’avoir la même chose mais amplifiée par la vague Omicron, et c’est ça qui nous inquiète.
Il faut faire une distinction entre la contamination très élevée, et la sévérité qui semble moins forte qu’avec Delta, qu’est-ce qu’on sait là-dessus ?
La majorité des contaminés qui ont le Sars-Cov-2 ne font pas de pneumonies, ne sont pas hospitalisés. Les personnes qui compliquent sont en général non-vaccinées ou qui ont des facteurs de risques comme l’obésité. Ça reste ce profil-là chez les gens qui ont été hospitalisées. Néanmoins, les chiffres sont un peu plus rassurants pour l’instant, mais ils sont parcellaires parce qu’ils viennent d’Afrique du Sud et d’Angleterre où on a un taux de retard dans l’encodage. C’est tout à fait possible que ce soit vrai, on l’espère et on verra dans les chiffres des prochaines semaines chez nous.
Donc les gens qui tombent malades aujourd’hui vont arriver dans vos hôpitaux dans 15 jours, c’est à ce moment-là qu’on devrait savoir la proportion de patients contaminés qui vont se retrouver à l’hôpital ?
Tout à fait, c’est dans 15 jours. Maintenant on a presque un remplacement du Delta par l’Omicron, mais on n’a pas les chiffres au sein de l’hôpital.
Les hôpitaux comme Erasme sont saturés aujourd’hui ou pas ?
Oui, ils sont saturés, on garde trop de patients en soins intensifs avec encore des difficultés à placer ceux qui doivent avoir des interventions lourdes. D’autre part, les salles restent problématiques par la baisse du personnel qui s’infecte, qui sont en quarantaine. Les horaires sont impossibles à prévoir sur plus de 15 jours. Le risque de saturation risque est réel parce que l’hôpital c’est comme le reste de la société, il va avoir du mal à fonctionner, et d’autant plus si les quarantaines restent longues, ce dont je suis favorable.
Il ne faut pas les revoir à la baisse les quarantaines ?
L’idée de les revoir à la baisse, c’est de se dire qu’on a le plus de risques pendant les cinq jours auxquels on a été contaminés, néanmoins il y a un risque résiduel au-delà des cinq jours c’est donc accepter ce risque de transmission aussi.
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