Bpost demande aux consommateurs de venir chercher certains colis eux-mêmes dans un point d'enlèvement en raison d'une augmentation spectaculaire des achats en ligne, a fait savoir l'entreprise vendredi. Quelque 5% des paquets sont concernés, sur 500.000 livrés chaque jour pour le moment. Les clients concernés seront avertis par courrier électronique.
L'entreprise collaborera en plus avec Decathlon à partir du lundi 23 novembre. Une partie des magasins de l'enseigne d'articles sportifs serviront temporairement de points d'enlèvement supplémentaires.
Bpost a augmenté sa capacité de tri et de distribution pour la fin de l'année, traditionnellement chargée. L'entreprise se concerte en plus avec les boutiques en ligne pour adapter la capacité opérationnelle aux volumes escomptés. Mais les quantités attendues "sont largement dépassées depuis quelques semaines", explique Bpost. "De très nombreux commerçants et PME locaux se sont tournés vers l'e-commerce et nous confient dès lors désormais leurs colis en masse". "Avant même d'entamer la période traditionnellement la plus chargée de l'année, nous surpassons d'ores et déjà le pic que nous avons connu au printemps dernier (lors du premier confinement, NDLR)", souligne le CEO Jean-Paul Van Avermaet, qui se dit convaincu que cet "effort supplémentaire" représente "une alternative solide permettant aux clients finaux de recevoir leur colis à temps".
Réaction côté syndicat
La solution semble "créative" au syndicaliste Jean-Pierre Nyns (ACOD), qui souligne la pression élevée exercée sur le personnel depuis plusieurs semaines. Il s'agit pour lui de "la meilleure solution possible" pour qu'une majorité de clients reçoivent leur colis. "Dans le pire des cas, ils devront se rendre à quelques kilomètres de chez eux", déclare-t-il.
Le black friday en vue
La barre des 600.000 colis quotidiens pourrait être franchie avec les promotions du "black friday" (27 novembre), estime l'entreprise. De nombreux magasins ont en effet dû fermer en raison des mesures sanitaires. La période de l'année est, de plus, traditionnellement chargée.
"Nous avions adapté nos opérations aux prévisions, mais les commandes dans toutes les grandes boutiques en ligne sont déjà plus importantes que prévu. Il y a en plus une croissance auprès des PME", souligne la porte-parole. "Il peut y avoir des retards", admet-elle.
Dès la fin de la semaine prochaine, qui marque le "black friday", et jusqu'au 24 décembre, les professionnels paieront un euro de plus par colis, comme le prévoyaient déjà les contrats négociés l'an dernier, explique la porte-parole. Les particuliers ne sont quant à eux pas concernés par ce supplément.
La pression sur le personnel est énorme
Le représentant syndical Jean-Pierre Nyns (ACOD) estime que l'entreprise flirte avec sa capacité maximale. "La pression sur le personnel est énorme", témoigne-t-il. "L'épidémie de coronavirus force plus de gens à rester chez eux, parce qu'ils sont malades ou en quarantaine".
Il avait été convenu avec les syndicats de recruter 2.700 personnes supplémentaires. Les 500 premières ont effectivement commencé cette semaine, indique le syndicaliste. Il espère que les gens sont nombreux à avoir choisi la sécurité en commandant à l'avance et espère que le trafic ralentira au cours des prochaines semaines.
Comeos déplore le fait que bpost ne sache pas suivre dans la livraison des colis
La fédération du commerce Comeos déplore la décision de bpost. "Le gouvernement a fait fermer les magasins et a, dans le même temps, appelé les Belges à commander en ligne auprès des commerçants", commente Dominique Michel, CEO de Comeos. "Et maintenant, il apparaît que bpost ne peut pas suivre et qu'elle demande d'aller chercher soi-même son paquet. Nous nous demandons ce qu'il va arriver après ça. On va demander que les clients aillent eux-mêmes faire le tri dans les centres de tri? Ce n'est quand même pas sérieux".
La fédération affirme disposer de témoignages de commerçants qui prétendent que bpost aurait refusé de venir chercher des colis chez eux parce qu'il y en avait trop. Une lettre ouverte sera publiée samedi dans la presse. "La crise du coronavirus est difficile pour tout le monde. Mais le commerce en ligne est pour nos commerçants l'unique manière de pouvoir réaliser une petite partie de leur chiffre d'affaires. Si cette opportunité tombe, on peut très bien fermer boutique", conclut la fédération. Elle appelle le gouvernement à intervenir.
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