À 15 jours de la rentrée des classes, RTL INFO s'est intéressé aux frais scolaires. Comme nous vous en parlions plus tôt ce matin dans cet article, la Ligue des familles, qui se base sur des témoignages de parents et des plaintes reçues par le Délégué général aux droits de l'enfant, fait état d'une série d'attitudes stigmatisantes en cas de non-paiement des frais scolaires. Christophe Cocu, directeur général de la Ligue des Familles, était l'invité du RTL INFO 13H. Il a répondu aux questions d'Olivier Schoonejans.
Il y a des frais scolaires que l'école ne peut pas demander aux parents. Lesquels ?
"La règle, c'est que l'enseignement est gratuit, c'est prévu par la Constitution, et en général ça comprend les bâtiments et les salaires des professeurs. Il y a toute une série d'autres mesures qui ont été mises en place pour cadrer le reste des autres frais. On peut noter par exemple qu'on ne peut plus avoir de caisse de classe. On ne peut plus demander, en début d'année, d'avoir une petite somme d'argent pour les petites dépenses usuelles. Les écoles ne peuvent pas demander des marques spécifiques. Par exemple, s'ils disent qu'il faut de la colle, l'enfant doit acheter de la colle, mais ça ne peut pas être obligatoirement une marque ou l'autre. C'est la même chose avec les t-shirts d'école, souvent pour le sport. Ils peuvent imposer une couleur, mais ils ne peuvent pas imposer qu'on achète le t-shirt à l'école, par exemple".
Les frais de photocopie, c'est bien autorisé à certains degrés ?
"Je vous ai parlé des cas les plus faciles, parce qu'il y a une difficulté sur la législation, qui est très complexe. Les photocopies, c'est l'exemple typique : en primaire et en maternelle, c'est interdit. En secondaire, c'est autorisé, maximum 75 euros, mais ce n'est pas aussi simple que ça, parce que ça doit couvrir des frais réels. Il ne s'agit pas d'un forfait qu'on peut demander comme ça sans justification".
Ghislaine Germain et Thomas Kinet ont été sonder des parents dans les rues de Bruxelles et du Brabant wallon pour savoir ce qu'ils pensaient de ces frais, et s'ils les jugeaient excessifs. Les réponses sont contrastées: "Moi j'ai un travail, mon mari aussi, donc de mon côté ça me convient, c'est raisonnable", estime une dame. "Pour les dictionnaires qu'on change chaque année, je trouve ça un peu exagéré, parce que ce n'est quand même pas donné, un dictionnaire. Et au lieu d'éviter le gaspillage, chaque année, ils nous demandent d'en racheter un autre", estime une mère. "Sincèrement, pour moi, non, ces frais ne sont pas trop élevés, et ils sont aussi connus et annoncés dès le départ quand on fait le choix d'une école", dit un père. "Pour moi, c'est exagéré. On est facilement à 250, 300 euros. Là, j'en ai pour deux enfants. Il y a un nombre de choses que j'avais déjà à la maison, mais je suis facilement à 250€", confie une dame. "Dans certains cas, on est obligés de payer, sinon les enfants se sentent écartés, s'ils ne fréquentent pas par exemple les sorties scolaires à cause des possibilités économiques", estime une maman.
Les enfants peuvent effectivement parfois se sentir écartés, mis de côté si les frais ne sont pas payés par les parents. Vous avez des témoignages de cas très concrets de ce type qui vous sont arrivés ?
"D'une part, il y a la question générale de la mise de côté quand on ne participe pas à une activité, et par ailleurs, il y a la question des humiliations, parce que parfois ça va jusque-là, que des enfants ou des familles subissent lorsqu'on leur réclame des frais devant toute la classe, ou dans le rang du matin, en citant bien haut le nom des personnes qui n'ont pas encore payé les frais, ou par exemple en prenant en otage un bulletin, qui n'est pas rendu si les frais ne sont pas payés".
Il y a aussi le problème des frais de garderie, qu'on appelle aussi "frais de chaise". Des frais que les parents doivent payer pour que les enfants restent manger à midi, même quand ils mangent leurs tartines. Des fois, cela peut dégénérer...
"En effet, cet argent sert à payer des surveillants qui surveillent les temps de midi. Ici, dans un témoignage que nous avons reçu, le terme a été pris au pied de la lettre, puisque les parents ne payaient pas le droit de chaise, ils l'ont invité à s'asseoir par terre, ce qui est évidemment quelque chose d'humiliant et de dégradant. Ce genre de pratiques doit s'arrêter immédiatement".
Vous, en tant que Ligue des familles, vous demandez quoi ? La gratuité de l'école ? Est-ce qu'on peut envisager qu'à un moment donné l'école soit totalement gratuite ?
"C'est prévu par la Constitution, c'est un objectif qu'on doit tous avoir en tête, que ce soit dans les politiques d'école qui sont mises en place par le gouvernement ou même par les directions qui doivent prendre ce problème à bras le corps".
C'est possible ?
"C'est possible, il s'agit d'être volontariste, d'avoir une bonne information vis-à-vis des enseignants qui, de bonne foi, font dans l'intérêt de l'enfant, et c'est très important. Il ne s'agit pas d'opposer parents et enseignants, tout le monde travaille pour le bien être de l'enfant. Mais en effet, il y a encore beaucoup d'étapes à poser, notamment au niveau du gouvernement de la fédération Wallonie-Bruxelles, qui continue son travail par rapport au pacte d'enseignement d'excellence, et qu'il puisse mettre en place des maximums et des étapes pour arriver à une fin des frais scolaires pour l'ensemble des parents dans tous les niveaux d'enseignement".
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