Un nouveau comité de concertation est organisé ce vendredi. Il doit décider si les métiers de contact peuvent finalement rouvrir le 13 février. Ces derniers jours, les experts semblent avoir rendu un avis négatif alors que des responsables politiques ont annoncé vouloir rouvrir le secteur (voir à la fin de cet article). Nous sommes partis à la rencontre des métiers de contact. Ils sont coiffeurs, coachs sportifs, masseurs ou encore esthéticiens. Plus que jamais dans l'attente, ils nous dévoilent leurs difficultés et leurs demandes.
Un centre de spa à Gosselies: gros investissement et revenu au plus bas
À Gosselies, nous avons visité ce qui représente l'investissement de toute une vie: un spa de 100m² d'une valeur de 300.000 euros. Prêts au début du mois de décembre, les lieux n'ont encore jamais accueilli le moindre client. "Ça devient crucial, surtout pour la Saint-Valentin. Nous avons déjà perdu les fêtes, et nous aurions vraiment voulu ouvrir pour la Saint-Valentin, surtout que les gens viennent en couple", nous a indiqué Carole Siciliano, gérante d’un institut de beauté à Gosselies.
Le spa est à l’arrêt, mais pas le crédit que Carole doit rembourser: 1400 euros par mois. L’agenda est vide et la seule activité encore en cours, la vente de produits, ne représente que 10% du chiffre d’affaires.
Carole déplore le manque de soutien des autorités. Il y a "des aides, qui arrivent malheureusement trop tard. Elles ne sont pas assez conséquentes. C'est vrai qu'avec nos investissements personnels à nous, ça devient vraiment dramatique, on est vraiment à l'agonie", nous a confié la patronne.
Coiffeuse, Melinda craint surtout une "refermeture"
Parmi les autres métiers de contact, il y a bien sûr les salons de coiffure. Il y en a 22.100 dans le pays. Eux aussi sont dans l'expectative.
Nous avons rencontré Melinda à Mons. Elle est prête pour le protocole. La patronne d'un salon de coiffure se montre optimiste, mais prudente. "On doit quand même investir énormément au niveau des machines pour le CO2, on doit refaire des factures, pour honorer nos clients on a besoin de produits", nous a-t-elle expliqué. Elle craint par-dessus tout une nouvelle fermeture. "On a très peur que si dans 15 jours on reprend, qu'on doive refermer. Alors là c'est un peu plus compliqué pour payer tout ce qu'on a à payer".
La crainte d’un faux départ est réelle pour ce secteur qui emploie 35.0000 personnes. "On ne sait pas prendre de rendez-vous puisqu'on ne sait pas combien de clients on va pouvoir mettre dans le salon, puisqu'ils nous avaient annoncé un client par 10m². Donc ça veut dire que mon ouvrière ne pourra peut-être pas retravailler", a indiqué Melinda à notre micro.
Je le fais directement, même si de toute façon ce ne sera pas rentable
La perte de clientèle, c’est aussi une crainte dans une salle de sport de Saint-Symphorien où nous nous sommes rendus. Les machines sont à l’arrêt, mais pas la solidarité. Sur place, nous avons rencontré des fidèles venus acheter des produits à emporter. "J'étais venu simplement les soutenir avec les moyens du bord", nous a lancé un client.
Ce contact avec la clientèle permet de garder le moral, mais les gérants ne s’attendent pas à voir les feux passer au vert ce vendredi. Malgré tout, ils sont prêt à rouvrir dès que possible, même si ce n'est pas forcément profitable. "En toute honnêteté, si on me dit 'A partir de demain tu peux ouvrir, mais tu ne prends que 10 personnes de l'heure', je le fais directement, même si de toute façon ce ne sera pas rentable", nous a précisé Alexandra Balsamo, gérante du club de fitness.
Peu importe la date, le redémarrage comportera des inconnues : le nombre de clients et les demandes de reports d’abonnements. "Aujourd'hui on ne sait pas, on ne sait rien du tout, on est vraiment perdu dans le système après-covid. Et l'après-covid est pour moi beaucoup plus dangereux que l'arrêt du covid", a ajouté Gianni Vairo, gérant de l'établissement avec Alexandra.
On voudrait bien une décision juste
Nous avons conclu notre périple à Charleroi, dans un institut de beauté. Ici comme ailleurs, cinq mois de fermeture en un an… c'est la pire des années. "On attend, on attend, on attend, maintenant on voudrait bien une décision juste", nous a simplement confié, Laurence Danieli, la gérante de l'institut.
D'autres secteurs sont aussi dans l'attente
Précisons que la réouverture des centres de vacances, des campings et des zoos sera aussi sur la table du comité de concertation. Des secteurs tout autant dans l'expectative, à une semaine du début des vacances de carnaval.
Consensus politique pour une réouverture?
Le Premier ministre, les principaux ministres du gouvernement fédéral et les ministres-présidents des entités fédérées se réuniront par vidéoconférence.
Face à la situation stable, voire légèrement favorable de l'épidémie en Belgique, un consensus s'est dégagé ces derniers jours en faveur d'une réouverture des professions de contact. "Beaucoup de gens ont vraiment besoin d'un coiffeur", a déclaré jeudi le ministre de la Santé publique Frank Vandenbroucke sur Radio 1. Mais, dans tous les cas, un éventuel feu vert pour les métiers de contact ne doit pas être interprété comme le début d'une nouvelle série d'assouplissements, a averti le vice Premier ministre sp.a. "C'est une question isolée".
Côté francophone, le MR pousse depuis longtemps dans le sens d'une réouverture. Le président du PS Paul Magnette a lui aussi dit mercredi, sur La Première, ses faveurs pour une reprise le 13 février, "avec des conditions extrêmement strictes qui ont déjà été fixées et acceptées par le secteur". De son côté, interrogé, mercredi également, par LN24, le co-président d'Ecolo Jean-Marc Nollet s'est voulu optimiste quant à la situation des métiers de contact.
Jeudi à la Chambre, le Premier ministre Alexander De Croo a confirmé les intentions développées dans le courant de la semaine. "Nous allons axer notre réflexion sur deux aspects, le comment et le pourquoi", a-t-il développé. "Sur le comment, la sécurité aura la plus grande priorité. Les experts ont ainsi développé des protocoles qui vont plus loin pour ce qui avait été édicté après la première vague" de la pandémie. Sur le pourquoi, M. De Croo a indiqué que l'intention restait de maintenir les écoles et les entreprises ouvertes. "Si demain nous décidons que les métiers de contact non-médicaux peuvent rouvrir, il ne faudra pas y voir l'annonce de toute une série d'assouplissements. La situation épidémiologique ne le permet tout simplement pas. Il y a encore de grands éléments d'incertitude. Si vous voulez ouvrir certaines perspectives, il faut prendre en compte les chiffres de contaminations et voir comment évolue la campagne de vaccination, elle aussi liée à un facteur d'incertitude important".
Du côté des experts
Les experts, de leur côté, auraient rendu un avis négatif. C'est en tout cas ce qu'ont avancé nos confrères de La Libre et la DH ce jeudi matin. Ces experts ont remis un rapport hier soir aux autorités, qui pourrait évidemment peser dans la décision finale ce vendredi.
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